Léonore Moncond'huy | Maire de Poitiers https://leonoremoncondhuy.fr Maire, engagée pour l’écologie, la justice sociale et la démocratie. Sat, 03 Dec 2022 21:25:42 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.8.6 https://leonoremoncondhuy.fr/wp-content/uploads/2021/11/faviconLM_Plan-de-travail-1_Plan-de-travail-1-150x150.jpg Léonore Moncond'huy | Maire de Poitiers https://leonoremoncondhuy.fr 32 32 Ecologie et pouvoir - Entretien pour la revue Propos https://leonoremoncondhuy.fr/ecologie-et-pouvoir/ https://leonoremoncondhuy.fr/ecologie-et-pouvoir/#respond Thu, 03 Nov 2022 21:09:59 +0000 https://leonoremoncondhuy.fr/?p=1612 Numéro 3 de la Revue Propos - "Ecologie et pouvoir" En savoir plus par ici. Numéro à commander par ici. En tant que responsable politique, vous exercez (ou avez exercé) le pouvoir. En tant qu'écologiste, diriez-vous que le rapport avec la notion de pouvoir diffère des autres cultures politiques et en quoi ? Selon vous, […]

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Numéro 3 de la Revue Propos - "Ecologie et pouvoir"

En savoir plus par ici. Numéro à commander par ici.

En tant que responsable politique, vous exercez (ou avez exercé) le pouvoir. En tant qu'écologiste, diriez-vous que le rapport avec la notion de pouvoir diffère des autres cultures politiques et en quoi ? Selon vous, l’écologie politique peut-elle porter, et dans quelles conditions, un rapport au pouvoir exempt de domination ?

L’écologie vise l’harmonie entre tous les êtres vivants, et avec la nature. Sur le principe, de même qu’elle s’oppose à l’idée de toute-puissance humaine sur la nature et les vivants, je crois que l’écologie politique doit se démarquer d’un pouvoir associé à l’idée de toute-puissance d'un individu, ou d'un groupe d'individus.

Des penseurs écologistes comme I. Illitch ou A. Gorz nous éclairent sur la notion de pouvoir. Pour eux, l’écologie politique défend une position radicalement démocratique, face aux approches technocratiques, qui tendent à abolir la tension constitutive du politique : celle entre le droit à l’autonomie de l’individu, et l’intérêt de la société dans son ensemble. Plus la technique, plus l’expertise, non maîtrisables par le commun des mortels, sont fortes dans la détermination de la société, plus le périmètre du politique se réduit, et plus les citoyens sont dépossédés d’autonomie et donc de pouvoir. Et plus le risque d’une domination des experts, ou potentiellement d’un Etat autoritaire, est fort. Faire advenir notre projet écologiste est indissociable d’un nouveau contrat social, reposant sur la participation de chaque citoyen, sur la maîtrise des outils conditionnant notre vie biologique et organisant notre vie sociale, tout en acceptant de vivre avec la part d'imprévisibilité de la nature et des sociétés, un ensemble d'éléments sur la base desquels construire sur des choix collectifs éclairés.

Ainsi, j'ai la conviction que construire une société écologique, ça passe par un système démocratique à l’image de cette harmonie recherchée : un système qui vise la coopération plutôt que la compétition ou le rapport de force ; un système qui recherche la participation et l’émancipation de chacun plutôt que la domination ; un système qui cherche à rassembler plutôt qu’à diviser ; un modèle du cercle, plutôt que de la pyramide ou des blocs opposés.

Ainsi, le pouvoir version écolo se marie assez mal avec les incarnations autoritaires et descendantes, individuelles, ou virilistes. L’autoritarisme me semble en outre un risque fort : le sentiment d’insécurité croissant lié aux crises menace de raviver les aspirations à un « homme fort », à une reprise en main autoritaire, comme seule garantie d’une sécurité collective. Nous avons la responsabilité de porter une alternative démocratique robuste.

A propos des pratiques que nous portons à Poitiers, nous nous inspirons du modèle de la sociocratie : un système solide, dans lequel chacun est reconnu dans sa capacité à comprendre et agir pour l’amélioration du bien commun. Dans ce modèle, le pouvoir est partagé. Mais attention, le pouvoir n’est pas affaibli pour autant. Consacrer de l’énergie à la construction de positions collectives, c’est gagner beaucoup en puissance, et aller vers un pouvoir décuplé car collectivement porté. Ainsi celui (ou celle !) qui est investi du maximum de pouvoir a une double responsabilité : celle de construire et garantir ce pouvoir collectif, en interne ; et celle de catalyser et porter fortement ces positions en externe, en somme construire et maintenir le cap, en embarquant largement dans son sillage.

Et cela ouvre sur l’extérieur. Il serait limitatif de cantonner le pouvoir à l’exercice des responsabilités. Le pouvoir est aussi à considérer sous l’angle des rapports sociaux, des évolutions culturelles, comportementales… Dans notre position encore « pionnière », notre premier pouvoir, en tant qu’écologistes aux responsabilités mais aussi que mouvement politique, est d’impulser le changement culturel, et d’élargir notre sphère d’influence. Au risque sinon d’avoir du pouvoir institutionnel par-ci par-là, mais pas de puissance réelle. Dans un ouvrage sur la « mythocratie », Y. Citton écrit que « le pouvoir mérite moins d'apparaître comme ce qui empêche de faire ce qu'on veut, que comme ce qui invite à (vouloir) faire ce qu'on veut » : a le pouvoir celui qui a gagné l’attention des esprits, et impose peu à peu son cadre de pensée et d’action à la société. Ce champ d’action me semble vraiment l’étape indispensable dans la conquête du pouvoir par les écologistes.

Selon vous, comment s’exerce démocratiquement le pouvoir dans une société qui souhaite replacer l’humain au cœur du vivant ? Dans quelles conditions l'écologie politique peut-elle conduire selon vous à un exercice renouvelé du pouvoir, selon quelles singularités ?

Je dirais que c’est avant tout une posture, des valeurs : tendre vers une gouvernance horizontale, incarner une attitude d’écoute, d’humilité, d’ouverture, d’accompagnement du changement, et surtout de confiance en le fait que la société, que les citoyens, sont capables d’évoluer, et de prendre en main leur destinée.

C’est aussi une méthode, une forme de rigueur institutionnelle, intellectuelle, et aussi militante. Le partage du pouvoir, la responsabilisation des individus, ça se construit, ça se cadre, ça s’anime... et maintenir un pouvoir horizontal, c’est bien plus complexe qu’exercer un pouvoir pyramidal. A Poitiers, dans nos espaces militants comme municipaux, nous nous appuyons sur les méthodes de l’éducation populaire : des méthodes qui partent fondamentalement du principe que chacun peut se former, progresser, être acteur de sa vie et de sa communauté - et donc comprendre et faire sienne la centralité des questions écologiques. Comment ? Par des méthodes collectives, actives, qui prennent le temps de la formation, ouvertes à tous. Et par une nécessaire exemplarité démocratique et éthique.

Au-delà de l’interne, depuis des décennies nous savons que l’écologie s’invente dans les marges. Dans les ZAD, les tiers-lieux, tous les espaces d’expérimentation et d'innovation éducatifs, économiques, sociaux… Nous nous en nourrissons, et il est en notre pouvoir de permettre et encourager la porosité entre ces espaces de la marge souvent bien plus avancés que nous, et les espaces normatifs que nous conduisons. On en revient à l’opposition à la « toute-puissance » : le pouvoir n’est pas l’omniscience, le pouvoir n’est pas l’exclusivité des inventions, des décisions. Le pouvoir se nourrit aussi de l'écoute des modèles émergents, et de la capacité que nous avons à leur permettre d'irriguer le système dans son ensemble.

Enfin, face aux blocages du système, face à la défiance généralisée envers le politique, il nous faut expérimenter, innover. Par exemple, mettre la question des communs ou du vivant au centre de démarches démocratiques nouvelles ; s’emparer de la justice comme levier d’action puissant.

 Selon vous, quels sont les paramètres au sein des institutions existantes de la 5e république et leur organisation actuelle qui facilitent la mutation écologique de la société ? Existe-t-il au contraire des dispositions et fonctionnements incompatibles avec la conduite du projet de transformation écologique ? Que proposeriez vous ?

 Si le modèle sociocratique peut largement inspirer des fonctionnements institutionnels locaux, il est difficile de le transposer à des échelles supérieures. Néanmoins, pour limiter au maximum les rapports de domination, l’objectif doit être de tendre vers des institutions qui répartissent et garantissent une concentration du pouvoir la plus faible possible, pour des politiques publiques réellement représentatives des enjeux de la société. Avec la démocratie représentative au niveau national et européen, nous pouvons faire mieux, pour redonner du pouvoir aux représentants du peuple.

Force est de constater que nous sommes en recul sur la concentration des pouvoirs. Outre la Ve République démesurément présidentialisée, dans la pratique le Parlement est aujourd’hui totalement méprisé dans son rôle, que nos institutions ne protègent pas assez. Parmi les évolutions institutionnelles qui me sembleraient saines : une inversion du calendrier et du mode électoral entre l’élection présidentielle et législative, pour avoir un parlement souverain, et un exécutif qui tire sa légitimité des représentants du peuple. Je déplore par ailleurs le mépris total de la Convention Citoyenne pour le Climat : nous avons besoin de ces espaces nouveaux de lien entre des aspirations citoyennes, a fortiori lorsqu'elles étaient comme ici accompagnées de manière solide, et les pouvoirs exécutifs et législatifs. Le mépris de la parole donnée et des travaux réalisés, qui témoignaient d’une vraie maturité citoyenne vis-à-vis de l’urgence environnementale, est une occasion manquée, autant qu’une dangereuse source supplémentaire de défiance envers le politique.

En tant que Maire, je constate aussi cette concentration des pouvoirs au niveau de l’Etat, autant qu'un éloignement des institutions. Alors que les tensions se manifestent avant tout au niveau local, alors que l’innovation, y-compris écologique, naît souvent du terrain, la re-centralisation des lieux de décision à Paris ou dans les métropoles induit une déconnexion des réalités. Alors que la puissance du service public se nourrit du lien avec les citoyens, la numérisation des services publics et la disparition de tout contact physique entre les institutions républicaines et les citoyens entretiennent la distance et donc la défiance. C’est aussi en lien avec le pouvoir des experts que je dénonçais. Face à l'urgence de la cohésion républicaine, face à l'urgence de lutter contre les isolements dangereux tant ils peuvent conduire aux extrêmes, je plaide pour un nouvel acte de ré-humanisation des services publics. Je plaide pour un retour vers le terrain et l’humain : un nouvel acte de la décentralisation, pour donner plus de pouvoirs aux collectivités, mais avant tout, une déconcentration des pouvoirs, des moyens, et de l’attention politique.

En outre, on observe un Etat, un secteur public au sens large, profondément délabré dans ses moyens sur le territoire, dépouillé de ses outils de planification de la transition écologique. La faiblesse des moyens publics, associé à la déconnexion des lieux de décision, organise structurellement l’impuissance des pouvoirs publics – et contraste fortement avec le discours de toute-puissance encore usité par nombre de politiques, donc encore attendu des citoyens.

Donc, prenons le pouvoir, et redonnons à la force publique les moyens d’agir !

 À l’heure des alertes lancées par le GIEC, le slogan « Penser global, agir local » vous paraît-il encore d’actualité ? À quelle échelle vous semble t-il le plus pertinent d’exercer le pouvoir pour faciliter la transformation écologique de la société et comment articuler les différents niveaux de décisions ?

Il est vrai que ce slogan est mis à rude épreuve par les crises environnementales, mais aussi sociales et sanitaires : à crise globale, réponse globale. Nous n’endiguerons pas la crise climatique dans la justice sociale si nous ne nous coordonnons pas dans une gouvernance mondiale. Je plaide pour pas « jeter les COP avec l’eau du bain » : le périmètre est bon, elles sont inefficaces parce-qu’aucune volonté politique collective d’y arriver ne préside.

Les échelles du pouvoir sont complémentaires entre elles. L’Etat, les régions, ont ou pourraient avoir une puissance de feu en matière de politiques publiques importantes pour l’écologie (mobilités, transition énergétique, transitions de l’économie…). 

L’échelle locale, les Mairies avant tout, c’est l’échelle du quotidien : je suis convaincue que c’est avant tout à ce niveau-là que se jouent les évolutions culturelles, là où les grandes visions écologistes se nichent dans les questions d’aménagement de rues, des cours d’école, où le projet écologiste s’explique patiemment dans les réunions publiques de quartier, sur les marchés, au bord des stades. C’est aussi à cette échelle-là que peut se reconstruire la confiance en l’action politique, et la confiance en les élus écologistes, sans laquelle nous ne parviendrons pas à embarquer massivement. 

De plus, plus ça va aller, plus les questions d’adaptation au changement climatique vont s’imposer. Et les échelles de l’adaptation, c’est à mon sens la Région (cf les travaux sur les Biorégions), et la commune. D’un point de vue très pratique, pour organiser la résilience, préserver l’accès aux ressources essentielles, adapter nos cadres de vie ; et d’un point de vue plus empathique : l’échelle qui protège, l’échelle qui rassure, c’est la commune. 

Aujourd’hui, la sur-concentration des pouvoirs et de l’attention politique autour de l’exécutif national, y-compris dans nos mouvements, n’est juste ni par rapport à la réalité de l’action de terrain, ni par rapport aux enjeux de demain. Déconcentrons notre regard, décentralisons les lieux de décision, donnons à chaque échelle les moyens d’agir, et, en tant que mouvements écologistes, faisons de notre ancrage durable dans les territoires une réelle priorité.

Au pouvoir, comment combinez-vous urgence écologique, libertés, égalité et solidarité ? Quelles sont pour vous les priorités de la République écologique ?

A Poitiers, comme dans de nombreuses villes, nous conduisons une action fondée sur 3 piliers : écologie, justice sociale, démocratie, dialoguant en permanence entre eux. Au coeur de tous ces enjeux, j’accorde une importance particulière aux enjeux de cohésion sociale, dont la République doit être garante : savoir « vivre ensemble » est une condition indispensable à la conduite des changements radicaux dont nous avons besoin, dans l’apaisement social, et en démocratie. Pablo Servigne a montré combien les sociétés les plus résilientes étaient avant tout les plus coopératives, les plus solidaires.

L’écologie politique est-elle soluble dans la gauche, doit-elle la rassembler ou la réinventer ?

Les urgences écologiques, les crises sociales, la résurgence des aspirations autoritaires, bouleversent tous les projets politiques : droite, gauche, écolos, tous les mouvements politiques doivent faire leur aggiornamento. Oui, même nous : hier lanceurs d’alerte, qui avions raison avant tout le monde, mais aujourd’hui, demain ? Alors que les bouleversements écologiques sont là, sur le long terme, quel projet de société portons-nous pour 2050 ? L’écologie doit à mon sens davantage s’incarner dans des questions sociales, qui prolongent l’héritage de la gauche, mais qui se renouvellent à l’heure où, d’une part, les impacts des crises environnementales touchent avant tout les plus fragiles, et où d’autre part, l’immobilisme du système face à ces crises sera de plus en plus une question de défense des privilèges d’une minorité. Comment conduire les transitions dans la justice sociale, comment renforcer la démocratie en y ramenant ceux qui en sont le plus éloignés, comment faire en sorte de maintenir loin les extrêmes dans un contexte anxiogène qui ravive le besoin primaire de sécurité : ces questions doivent (re)devenir centrales. Mais nous pouvons garder ce « coup d’avance », en prenant le lead pour rebâtir ce logiciel de gauche au prisme d’un monde désormais dominé par les crises écologiques.

 

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Eau : une exigence de sobriété, de partage de l’eau, de démocratie https://leonoremoncondhuy.fr/eau-une-exigence-de-sobriete-de-partage-de-leau-de-democratie/ https://leonoremoncondhuy.fr/eau-une-exigence-de-sobriete-de-partage-de-leau-de-democratie/#respond Fri, 14 Oct 2022 18:33:41 +0000 https://leonoremoncondhuy.fr/?p=1578 [Conseil Communautaire 14/10/2022] Madame la Présidente, chers collègues, Nous devons aujourd’hui déterminer la position de Grand Poitiers vis-à-vis de la nouvelle version du protocole d’accord sur l’agriculture irriguée proposée par la Préfecture. Tout d’abord, je souhaite remercier Laurent Lucaud et Fredy Poirier, ainsi que les services de Grand Poitiers qui ont passé une partie de […]

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[Conseil Communautaire 14/10/2022]

Madame la Présidente, chers collègues,

Nous devons aujourd’hui déterminer la position de Grand Poitiers vis-à-vis de la nouvelle version du protocole d’accord sur l’agriculture irriguée proposée par la Préfecture.

Tout d’abord, je souhaite remercier Laurent Lucaud et Fredy Poirier, ainsi que les services de Grand Poitiers qui ont passé une partie de l’été à travailler sur ce protocole. Preuve, si besoin en était, du sérieux avec lequel nous prenons les enjeux de l’Agriculture et de l’Irrigation et plus largement de l’Eau, le A et le I du protocole sur lequel nous devons nous prononcer, qui recouvrent de nombreuses compétences de Grand Poitiers : l’eau potable, la préservation des milieux aquatiques avec la compétence GEMA, mais aussi le Plan Alimentaire Territorial.

Nous avons cet été connu l’été le plus chaud jamais enregistré dans la Vienne, et une sécheresse d’une gravité historique. Cette situation, que l’on pouvait hier qualifier d’exceptionnelle, est amenée à devenir de plus en plus fréquente et intense dans les années à venir, c’est une conséquence directe du changement climatique, que notre génération a la charge d’assumer. Désormais, il faut donc que toutes nos décisions partent non plus des besoins actuels, mais de la ressource en eau disponible, aujourd’hui, et demain.

  • C’est l’objectif de l’étude HMUC, mentionnée dans la délibération. Cette étude constitue, selon l’EPTB qui la pilote, « une étude spécifique pour mieux comprendre le fonctionnement hydrologique du bassin versant du Clain, mieux évaluer la disponibilité de la ressource en eau et identifier les moyens pour rétablir l’équilibre entre les besoins et la ressource disponible en préservant les milieux ». C’est « un diagnostic hydrologique dans un contexte de changement climatique ».
  • Cette étude vise aussi à mieux décrire le lien entre les nappes et les rivières : on sait que les prélèvements importants dans les nappes fragilisent beaucoup les eaux de surface, ça a par exemple été démontré en Espagne, avec la disparition d’une réserve naturelle humide, celle de Donana, du fait d’une longue surexploitation de la ressource en eau. Plus proche de nous, vous avez peut-être vu, comme moi, la vidéo dramatique de cet été produite par la Fédération de Pêche qui a notamment pour mission d’observer les cours d’eau. Des hérons, envasés, en train d’agoniser. Des poissons, dont certaines espèces protégées et spécifiques à notre département, en train de s’asphyxier dans des cours d’eau à sec. Une disparition quasi entérinée dans notre département de l’écrevisse à pattes blanches. La Fédération de pêche nous alerte : “La consommation d’eau est supérieure à la ressource. On accorde des volumes que la nature n’est plus capable de fournir… Jusqu’à l’assèchement” F. Bailly, son Président : ” Il est inadmissible qu’on arrête l’irrigation depuis les rivières alors qu’on l’autorise dans les nappes ! Ce sont elles qui font couler les rivières. Et il faut plafonner les prélèvements, parfois disproportionnés selon les attributions”. “On refuse de regarder la réalité en face”, conclut-il.
  • Cette étude HMUC n’a pas encore produit tous ses résultats. Grand Poitiers demandait d’attendre les résultats de cette étude, avant d’engager tout projet de construction de retenues. Aujourd’hui, on nous demande de nous prononcer avant les résultats, et on nous dit même que les chantiers commenceront peut-être avant les résultats.
  • Le protocole dit, c’est souligné dans la délibération, que les résultats “seront pris en compte”, dès la tranche 1. Or, on sait, d’après les premiers éléments qu’a laissé filtrer cette étude, que ses résultats vont être très nets : ” l’eau en abondance, c’est fini “. Les résultats vont démontrer que l’état non seulement futur mais actuel de la ressource est trop fragile, que nos prélèvements actuels sont excessifs, et cet état ne permet même pas de sécuriser l’approvisionnement en eau potable, compétence de Grand Poitiers.
  • Et donc ? Donc, deux options s’offriront à nous :
    • Soit, engager la construction de retenues géantes, mais qu’on ne pourra jamais remplir. Une gabegie en termes d’argent public, une décision irréversible en termes d’impact sur l’environnement.
    • Soit, on les remplira, à grands renforts de dérogations, malgré la faiblesse de la ressource en eau, comme cet été. Plutôt que d’accompagner l’évolution des pratiques, vers une agriculture plus résiliente, on remet ici une (grosse) pièce dans un modèle excessivement consommateur, on entretiendra l’illusion que le modèle agricole des cinquante dernières années a de l’avenir devant lui. Et ce faisant, on entretiendra notre vulnérabilité. Oui, parce qu’on parle toujours de la responsabilité des principaux consommateurs d’eau ( pour rappel, dans l’ordre des volumes consommés : 1) Agriculture, 2) Production d’énergie, donc Civaux 3) Consommations domestiques ). Plutôt qu’en termes de responsabilité, je vous en parle aujourd’hui en termes de vulnérabilité : plus on dépend de l’eau, plus la menace sur la ressource nous rend vulnérables. Et le système agricole entretient cette vulnérabilité. Il ne s’agit pas de culpabiliser individuellement les exploitants : on sait bien que la PAC valorise bien plus, aujourd’hui, l’agriculture au regard de son rendement, plutôt que l’agriculture au regard de sa contribution à la création d’emplois, à la contribution aux filières locales, à la reconquête de la biodiversité. On sait que les assurances agricoles conditionnent parfois leurs services à un accès garanti à l’eau. Mais, avec ce protocole, et malgré les avancées obtenues par Grand Poitiers telles que soulignées dans la délibération, on manque une opportunité de tenter de faire évoluer structurellement le système, et, plutôt que de le réorienter, plutôt que de lui permettre d’anticiper et de s’adapter, on l’encourage.

Bref, aujourd’hui, demain, nous allons donc devoir faire face à la gestion de la carence durable de la ressource en eau, qui ira croissante.

Face à cela, quelles doivent être nos exigences politiques ?

1 – D’abord, une vision globale de la ressource en eau.

Le Code de l’environnement nous indique clairement une priorisation à adopter dans les usages de l’eau : d’abord, l’eau potable, puis l’eau pour le bon état écologique des milieux, l’eau pour l’agriculture, puis enfin l’eau pour l’industrie. Cette priorisation est particulièrement importante à l’heure où nous aurons moins d’eau, et que le partage sera donc d’autant plus difficile.

Depuis 2017, la loi oblige chaque territoire à construire un PTGE : Projet Territorial pour la Gestion de l’Eau, qui englobe tous ces usages, à partir de la fameuse étude HMUC. Avant des protocoles propres aux autres usages. Mais ici, dans la Vienne, l’Etat nous dit : le « PTAI vaudra PTGE », c’est-à-dire que ce sont les usages des environ 120 exploitations raccordées qui sera le point de départ du partage de l’eau, à l’échelle du bassin.

Ce qu’on peut dire en plus de cette délibération, c’est donc que le PTGE est plus qu’une « attente » de Grand Poitiers, c’est normalement un préalable indispensable à la répartition des volumes d’eau en fonction des différents usages. C’est d’ailleurs ce qu’a répondu la Secrétaire d’Etat à l’écologie à Lisa Belluco, députée de la Vienne : « Vous avez raison, il faut des PTGE et je regrette que la Vienne n’en ait pas. »

2 – Ensuite, la priorité, comme toujours, c’est la sobriété = réduire nos besoins.

Ce qu’on peut dire en plus de cette délibération, c’est que le protocole ne comprend que peu d’engagements sur la réduction globale de la consommation en eau, sur l’évolution à la baisse de la surface d’agriculture irriguée.

Il est même à craindre que l’eau étant plus disponible grâce aux prélèvements hivernaux, la surface irriguée globale augmente, à rebours total des exigences de réduction de notre dépendance à la ressource en eau. Le protocole aurait pu conditionner l’accès à l’eau au non-développement des cultures fortement consommatrices d’eau, comme le maïs.

3 – Ensuite, qui dit moins d’eau, dit la partager mieux.

Ce qu’on peut dire en plus de cette délibération, c’est que le protocole ne concerne qu’une partie des usages de l’eau, mais aussi qu’une partie minime des agriculteurs du territoire. Aujourd’hui, il y a 2000 agriculteurs sur le Bassin du Clain, dont 340 irrigants, dont 160 sont adhérents aux coopératives qui portent les projets, dont seulement 119 qui seront directement raccordés aux retenues. Soit 17% de la Surface Agricole Utile.

Pourquoi c’est important, au regard des compétences de Grand Poitiers ?

Parce-que :

  • Les engagements prévus pour la reconquête de la qualité de l’eau ne concernent donc que moins de 20% de la surface agricole utile : avec une aussi petite surface peut -on renverser la tendance en matière de qualité de l’eau ? L’eau potable en particulier, dont Grand Poitiers a la responsabilité.
  • Pour la mise en œuvre de notre PAT, nous avons besoin que chacun des agriculteurs du territoire ait accès à l’eau. Mais ce modèle part du principe inverse : soutenir, avant tout, l’agriculture irriguée dont on sait qu’elle est fortement exportatrice. Le protocole ouvre la possibilité que soient raccordées aux retenues de nouvelles exploitations prioritaires dans le PAT, c’est à souligner, et c’est la preuve de la combativité de Grand Poitiers.

L’eau doit être partagée de manière équitable entre tous les usages, entre toutes les exploitations, et encourager les pratiques les plus résilientes. Et je le redis ici haut et fort, si cela était nécessaire : nous ne sommes pas opposés au principe des retenues. Toute agriculture a besoin d’eau, et donc toute alimentation humaine, pour être produite, a besoin d’eau. Si le protocole avait proposé des retenues plus modestes, mieux réparties sur le territoire, qu’elles soutenaient prioritairement les filières à forte valeur ajoutée pour le territoire et résilientes au regard du changement climatique, notre position serait différente.

3 – Enfin, nous avons besoin que l’Etat soit garant de ce partage équilibré de la ressource, garant de la démocratie autour de cette ressource vitale qu’est l’eau, et de l’intérêt général.

Et ce qu’on peut dire en plus de cette délibération, c’est que ce protocole n’a pas l’aval des principales parties prenantes.

« Aujourd’hui, la lecture de la dernière version du protocole, renforce notre inquiétude sur les conséquences pour le territoire d’un tel protocole qui apparaît aujourd’hui validé de façon quasi unilatérale car déjà publié sur le site de la préfecture de la Vienne ». L’auteur de ces propos, la semaine dernière, c’est le Président de la Chambre d’agriculture lui-même.

Faire un protocole, pour l’agriculture irriguée, contre l’avis des représentants institutionnels du monde agricole, pour à peine 6% des agriculteurs du bassin, et faire croire au passage que ceux qui sont contre le protocole sont contre l’agriculture, c’est quand même fort !

Je suis loin de partager tous les arguments exprimés par la Coordination rurale, mais je les rejoins sur l’importance du partage de l’eau entre tous les agriculteurs, et je considère que le rôle de l’Etat est de respecter ses interlocuteurs institutionnels, en premier lieu les chambres consulaires.

D’autres structures, qui sont des partenaires de nos institutions comme la Fédération de Pêche, les associations environnementales, mais aussi l’Etablissement Public Territorial de Bassin ont exprimé de fortes réserves sur ce protocole.

Ce que la délibération mentionne clairement, pour finir, c’est que le Groupement d’Intérêt Public, qui est censé assurer le suivi des engagements, leur contrôle, les ajustements éventuels, est insuffisamment défini.

La Chambre d’agriculture, encore : « Le GIP : n’existe pas encore et l’écriture de sa convention de constitution n’est pas claire. Agit-il en réalité au nom exclusif de l’Etat pour contrôler les engagements des agriculteurs engagés et préparer les sanctions que s’engage à prendre l’Etat et les SCAGE ? »

Une gouvernance réellement partagée, oui, nous sommes pour. Mais nous ne sommes pas pour une instance pour l’instant floue, dans sa gouvernance, dans ses moyens, qui ne met en aucun cas entre les mains des agriculteurs, des producteurs d’eau, des collectivités, des citoyens, ce qui compte, c’est-à-dire le suivi des engagements, l’évaluation des résultats obtenus, et l’attribution des ressources en eau en fonction.

Le risque est que tout cela reste, infine, entre les mains d’une politique gouvernementale qui ne change pas : celle qui a cet été accordé des dérogations à tour de bras alors que nous étions en permanence en situation de crise, tout en appelant les citoyens et les collectivités à la sobriété, nous qui représentons moins d’un tiers des usages. On remplira les retenues géantes, en disant « ce serait quand même dommage, maintenant qu’on les a, de ne pas s’en servir ! » Et on continuera à autoriser un volume de prélèvements supérieur à ce que le milieu peut supporter. C’est peut-être le problème le plus fondamental de ce protocole : son cadre est trop fragile pour donner confiance en ses engagements.

 

 

Ainsi, nous voterons POUR cette délibération, dans la mesure où elle permet a minima de ne pas rendre Grand Poitiers signataire de ce protocole. Un protocole qui n’offre pas les garanties suffisantes en matière de sobriété, de partage de l’eau, de gouvernance. Et donc, en matière d’écologie, de justice, de démocratie.

J’espère, très sincèrement, que ce protocole permettra d’assurer une transition rapide, et durable, des usages agricoles de l’eau.

Mais je crains, malheureusement, que le temps démontrera que les risques que font peser ces projets sont bien plus forts que les premières alertes exprimées dans cette délibération : accélération de la fragilisation des milieux aquatiques, menace sur notre approvisionnement en eau potable, menace sur le partage démocratique et apaisé de la ressource en eau. Car lorsque certaines exploitations disposeront de réserves géantes et pas les autres, comment vont réagir ces “autres”, face à cette inégalité criante d’accès à l’eau ? Lorsque l’eau potable sera rationnée, comme ça a risqué d’être le cas cette année, comment pensez-vous que vont réagir les citoyens, face à cette ressource en eau réservée à quelques-uns, dont la production n’approvisionne majoritairement pas nos cantines ?

Il est tout aussi urgent d’assurer la résilience de nos systèmes agricoles, que notre résilience sociale. Et passer en force, un tel projet, me semble extrêmement risqué pour la cohésion et la sécurité que nous devons pourtant garantir autour de la première de nos ressources vitales : l’eau.

John Doe
Designer

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Alternatiba : la subvention en débat https://leonoremoncondhuy.fr/alternatiba-la-position-de-la-maire-de-poitiers/ https://leonoremoncondhuy.fr/alternatiba-la-position-de-la-maire-de-poitiers/#respond Tue, 04 Oct 2022 20:28:36 +0000 https://leonoremoncondhuy.fr/?p=1528 Dans un courrier en date du 12 septembre, le Préfet a invité la Ville de Poitiers et Grand Poitiers à demander le remboursement de la subvention octroyée à Alternatiba le 27 juin dernier pour l’organisation de son "Village des alternatives", au motif que celle-ci serait "manifestement incompatible avec le Contrat d’engagement Républicain souscrit par l’association".

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Dans un courrier en date du 12 septembre, le Préfet de la Vienne a invité la Ville de Poitiers et Grand Poitiers à demander le remboursement de la subvention octroyée à Alternatiba le 27 juin dernier pour l’organisation de son “Village des alternatives”, au motif que celle-ci serait “manifestement incompatible avec le Contrat d’engagement Républicain souscrit par l’association”.

Pour rappel, il s’agit d’une manifestation grand public, qui comprenait plus d’une centaine d’ateliers, de stands, de débats, autour de l’ensemble des moyens dont les citoyennes et citoyens peuvent se saisir pour faire avancer la transition écologique, la justice sociale, par l’alimentation, l’éducation, la gestion des déchets ou encore les mobilités. Un vrai succès, qui n’a occasionné aucun trouble à l’ordre public par ailleurs.

Pour rappel aussi, la première édition du Village des alternatives, en 2017, était déjà soutenue par la Ville de Poitiers – et par la Région Nouvelle-Aquitaine par ailleurs, et, déjà, le programme comprenait une intervention – sur la grande scène cette fois-ci – qui questionnait : “Résistances : à quel moment bascule-t-on de la colère, de l’indignation, à la résistance ?”.

Alors, qu’est-ce qui a changé depuis ?

Depuis, une loi “Confortant le respect des principes de la République”, dite loi “Séparatisme”, a été votée, qui oblige notamment toute association bénéficiaire de fonds publics à signer un “Contrat d’engagement républicain” – une obligation à laquelle il est demandé à toutes les associations soutenues par la Ville de Poitiers de se conformer.

Ce Contrat d’engagement Républicain demande aux associations de s’engager à “respecter les principes de liberté, d’égalité, de fraternité et de dignité de la personne humaine, ainsi que les symboles de la République”, et à “s’abstenir de toute action portant atteinte à l’ordre public”. Le décret d’application prévoit en outre que les associations “ne doivent entreprendre ni inciter à aucune action manifestement contraire à la loi, violente ou susceptible d’entraîner des troubles graves à l’ordre public”.

Pour rappel, cette loi avait vocation à “lutter contre les “séparatismes”, en particulier religieux, et à donner à la République les “moyens d’agir contre ceux qui veulent la déstabiliser”.

Pour information, cette loi avait été contestée lors de son vote par une très large représentation d’associations, depuis le Mouvement Associatif, le Haut Conseil de la Vie Associative, jusqu’à la Commission Consultative des Droits de l’Homme ou la Défenseure des Droits. Elle fait aujourd’hui l’objet d’un recours, porté par plus de 25 organisations associatives – LDH, Mouvement Associatif, Planning familial… – et syndicales – FSU, Syndicat de la magistrature, Syndicat des avocats de France …-

Ce qu’ils craignaient toutes et tous, à travers cette loi ? Le déséquilibre que son application risquait de produire entre le respect de l’ordre public et des valeurs républicaines d’une part, et le respect des libertés publiques d’autres part, en particulier la liberté d’expression, et des libertés associatives. Et par ailleurs, une reprise en main de l’Etat sur les liens entre collectivités et associations, qui étaient jusqu’à présent et depuis une Charte de 2014 consacrés dans un principe de confiance réciproque.

Ce qui a changé, depuis 2017, c’est aussi la couleur politique de la municipalité, et, sans lui donner plus d’importance qu’elle ne le mérite, il ne faut pas occulter la lecture politique qui peut être faite de cette situation. Depuis deux ans, il est désormais habituel qu’on tente de faire passer nos positions comme étant hors du champ républicain.

Alors, je souhaite être claire.

Nous souscrivons pleinement au principe que l’Etat se dote de moyens pour lutter plus efficacement contre des associations ou groupements qui promeuvent différentes formes de séparatismes et militent parfois violemment contre l’Etat de droit démocratique.

Nous souscrivons aussi pleinement à l’idée que l’action institutionnelle d’une collectivité territoriale et de ses élus ne doit pas être confondue avec l’activisme d’associations et de militants.

En revanche.

Considérons-nous qu’on puisse préjuger qu’une manifestation va contrevenir au Contrat d’engagement républicain avant même qu’elle se tienne ? Non.

Considérons-nous qu’il est interdit de mettre la désobéissance civile en débat dans l’espace public ? Non.

Considérons-nous que parler de désobéissance civile, c’est inciter à entreprendre une action manifestement contraire à la loi ? Non.

Toutes et tous, nous reconnaissons d’ailleurs majoritairement les avancées permises par la désobéissance civile. Toutes et tous, nous saluons unanimement, avec des prises de position unanimement élogieuses au Conseil Municipal, le choix d’élèves poitevins de donner à leur école le nom de Gisèle Halimi. Je crois qu’aucun d’entre nous remet en cause la légitimité de la place de Martin Luther King dans nos livres d’histoire. Et ce faisant, nous rendons hommage à des femmes et des hommes dont les combats pour les droits civiques, pour l’égalité, n’auraient été gagnés sans une forme de désobéissance civile.

Et plus que tout, nous considérons que la liberté d’expression et les libertés associatives telles que définies notamment dans la loi de 1901 sont des principes fondateurs du pacte républicain, qui doivent être réaffirmés, et confortés. Ainsi, quelle que soit son opinion, personnelle, sur le mode d’action qu’est la désobéissance civile, nous considérons que le principe la liberté d’expression, et le principe des libertés associatives, consacrent et protègent le droit d’en parler dans le cadre d’événements tels que le Festival des Alternatives.

Ainsi, nous n’entendons pas, ni ici ni nulle part ailleurs, nous opposer à la loi. Simplement, nous ne partageons pas l’interprétation qu’en fait la Préfecture de la Vienne.

Quelle que soit son issue, cette situation doit nous alerter sur les risques que représente ce contrat d’engagement républicain.

Car l’enjeu majeur est là.

Rappelons que cette loi était censée nous protéger contre le séparatisme religieux, et que son objet était « de protéger la liberté des associations contre les dérives de quelques structures », selon Sarah El Hairy, alors Secrétaire d’Etat chargée de la jeunesse et de l’engagement, qui répondait aux inquiétudes exprimées par le monde associatif, dans son ensemble. Cette loi devait être, à l’égard des associations, non pas “une arme contre elles mais au contraire un bouclier pour leurs libertés”. Or, cette loi serait ici très clairement utilisée pour limiter la liberté d’expression d’associations et leur capacité à faire vivre le débat.

Une loi, créant un contrat d’engagement républicain, qui n’a depuis permis aucune décision de justice pour des faits de séparatisme religieux, s’appliquerait en premier lieu à une association écologiste, pourtant connue et reconnue de longue date pour son projet, ses méthodes non violentes. Et qui contribue, par ailleurs, à faire avancer le droit, en faisant peu à peu reconnaître le principe juridique d’« état de nécessité » comme étant légitime face à l’urgence climatique.

Et demain ?

Alors que l’extrême droite est littéralement aux portes du pouvoir, il faut nous rendre compte de la dangerosité que représenterait un tel outil juridique, s’il tombait entre les mains bien peu républicaines de l’extrême droite.

Avec une telle imprécision dans la définition de ce qui correspond aux valeurs de la République et ce qui n’y correspond pas, un tel pouvoir discrétionnaire de l’Etat hors cadre de recours classique, un triple glissement depuis les graves troubles à l’ordre public vers toute action contraire à la loi, depuis la condamnation d’une action vers la condamnation d’une incitation à agir, de l’illégalité manifeste à la présomption d’illégalité, par anticipation,

De quels garde-fous disposerons-nous, le jour où cette loi sera mobilisée pour rendre peu à peu illégale, inaudible, toute forme de contestation, ou d’opinion contraire à l’opinion officiellement admise ?

Dans son essai sur “La désobéissance civile”, Hannah Arendt s’interroge : est-il possible de “faire une place à la désobéissance civile dans le fonctionnement de nos institutions publiques” ?

Je vous propose de répondre que oui. La République française comprend, parmi les principes fondamentaux inscrits à l’article premier de notre Constitution, celui de la démocratie. La République garantit, protège, encadre, la démocratie, et garantit, protège, encadre donc la libre expression des opinions, la diversité des modes d’engagement associatifs, dans lesquels s’inscrit la question de la désobéissance civile, lorsqu’elle est posée avec non-violence.

Ainsi, je vous propose de voter pour le maintien à la subvention accordée à Alternatiba.

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"Choisir les mesures de sobriété, plutôt que les subir" https://leonoremoncondhuy.fr/choisir-les-mesures-de-sobriete-plutot-que-les-subir/ https://leonoremoncondhuy.fr/choisir-les-mesures-de-sobriete-plutot-que-les-subir/#respond Sun, 04 Sep 2022 20:18:04 +0000 https://leonoremoncondhuy.fr/?p=1553 "Après un été marqué par les conséquences dramatiques du réchauffement climatique, la question des objectifs et des moyens pour les limiter et y faire face se fait de plus en plus pressante. Pour aborder ces questions, Léonore Moncond'huy, maire EELV de Poitiers, était l'invitée de de France Inter samedi 3 septembre".

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Après un été marqué par les conséquences dramatiques du réchauffement climatique, la question des objectifs et des moyens pour les limiter et y faire face se fait de plus en plus pressante. Pour aborder ces questions, Léonore Moncond’huy, maire EELV de Poitiers, était l’invitée de de France Inter samedi 3 septembre”.

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Ukraine : Ouverture du Conseil municipal du 7 mars 2022 https://leonoremoncondhuy.fr/ukraine-conseilmunicipal7mars/ https://leonoremoncondhuy.fr/ukraine-conseilmunicipal7mars/#respond Mon, 14 Mar 2022 06:29:15 +0000 https://leonoremoncondhuy.fr/?p=1514 Impossible d’ouvrir ce Conseil municipal, sans marquer un temps pour dénoncer la guerre en Ukraine déclenchée par Vladimir Poutine. C’est une vraie fierté de constater combien notre ville depuis 10 jours s’est fortement mobilisée pour la Paix, pour son soutien à la communauté ukrainienne de Poitiers, et à travers elle tout le peuple ukrainien aujourd’hui […]

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Impossible d’ouvrir ce Conseil municipal, sans marquer un temps pour dénoncer la guerre en Ukraine déclenchée par Vladimir Poutine.

C’est une vraie fierté de constater combien notre ville depuis 10 jours s’est fortement mobilisée pour la Paix, pour son soutien à la communauté ukrainienne de Poitiers, et à travers elle tout le peuple ukrainien aujourd’hui touchés par une guerre aussi violente qu’injustifiable.

Je ressens une vraie fierté, aussi, face à la solidarité qui se manifeste. Vous avez en quelques jours été déjà plus de 400 à déposer des sacs de couchages, matériel d’hygiène, de secours, pour une première collecte, encore ouverte pendant deux jours.

Aux côtés de l’Etat, nous nous organisons pour pouvoir accueillir et héberger les réfugiés ukrainiens qui auront besoin de notre hospitalité, et là encore, de nombreux poitevins et de nombreuses poitevines ont aussi proposé d’offrir un toit.

Et je vous en remercie.

Ce que nous faisons pour les ukrainiens, nous le faisions il y a quelques mois pour les Afghans, comme Poitiers et ses partenaires comme l’Université l’ont historiquement fait pour les syriens, les iraniens, les guinéens, pour tous les exilés victimes de la violence et de l’arbitraire, qui ont besoin de notre aide. Comme nous aurons à le faire, bientôt, pour les réfugiés climatiques. Parce-qu’il n’y a pas de bons ou de mauvais exilés ; il n’y a que des êtres humains, qui subissent le parcours traumatisant d’un exil forcé et souvent brutal, et qu’il est de notre devoir d’accueillir.

Ce que nous faisons est humble au regard des enjeux, nous faisons notre part, et j’ai une pensée pour les collectivités du Liban, pour nos partenaires du Sahel, qui sont depuis des années confrontés au défi d’accueillir des milliers de personnes déplacées, que cette guerre, si proche de nous, ne doit pas nous faire oublier.

Ainsi, je crois pouvoir parler au nom de l’ensemble du Conseil municipal de Poitiers en affirmant notre soutien, total, à la nation ukrainienne, à son peuple, à l’Europe qui démontre aujourd’hui combien face à l’autoritarisme l’union est une force, et par-dessus tout à la Paix qui doit être notre seule boussole.

Nous en appelons unanimement à la Paix dans le monde : mesurons ainsi la chance que nous avons de vivre dans un pays en Paix ; et, en cette année électorale, mesurons aussi la responsabilité qui nous incombe en démocratie : maintenir une démocratie vivante, et vigilante. Et faisons en sorte que cette Paix si importante aujourd’hui pour l’Ukraine et pour tant d’autres pays, soit aussi une réalité dans notre ville.

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Pour une politique d’éducation populaire https://leonoremoncondhuy.fr/pour-une-politique-deducation-populaire/ https://leonoremoncondhuy.fr/pour-une-politique-deducation-populaire/#respond Sat, 12 Mar 2022 19:11:57 +0000 https://leonoremoncondhuy.fr/?p=1487 Tribune parue dans Libération, à l'occasion des Rencontres Nationales de l'Education Populaire. Philosophie éducative autant que multiplicité d’acteurs, l’éducation populaire couvre une diversité d’espaces qui ont en commun la confiance en la capacité de chacun à être acteur de sa vie, et en l’action collective comme fondatrice du vivre ensemble. Boostée par le développement du […]

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Tribune parue dans Libération, à l'occasion des Rencontres Nationales de l'Education Populaire.

Philosophie éducative autant que multiplicité d’acteurs, l’éducation populaire couvre une diversité d’espaces qui ont en commun la confiance en la capacité de chacun à être acteur de sa vie, et en l’action collective comme fondatrice du vivre ensemble. Boostée par le développement du temps libre sous le Front populaire, au cœur des débats sur la démocratisation culturelle, elle vit en 2022 dans les Maisons de quartier, les clubs sportifs, les associations et initiatives citoyennes… Autant de lieux d’engagement quotidien, sans lesquels le COVID aurait eu un impact bien plus grave sur la cohésion sociale.

Pourtant, l’éducation populaire disparaît des débats et des politiques publiques. Elle est fragilisée par la crise de ses modèles économiques, tout autant que par la méconnaissance croissante du grand public et des nouvelles générations politiques. Les Ministères du Sport, de la Jeunesse et de l’Education Populaire, sont absorbés par le Ministère de l’Education Nationale en 2021, invisibilisant tout autre champ éducatif que celui de l’école. Le patrimoine public des centres de vacances est vendu à des promoteurs touristiques, lorsqu’il est en bord de mer ; laissé en déshérence, s’il est à la campagne.

Il ne s’agit pas de défendre une vision nostalgisante de l’« éducpop’ ». Encore moins d’opposer les espaces éducatifs entre eux. L’éducation populaire est complémentaire de l’école, chacune ayant ses finalités, unies par l’aspiration à une éducation équilibrée offerte à chacun. Chacune mérite le respect de l’Etat, chacune en manque aujourd’hui cruellement. Il s’agit d’alerter sur une vision émancipatrice de l’éducation qui disparaît en même temps que nos colonies à la mer.

Depuis des années, les politiques éducatives, enfermées dans des logiques gestionnaires, oublient qu’à la question des moyens doit précéder celle de l’horizon dessiné par l’éducation. Qu’est-ce qu’un projet d’éducation, si ce n’est le chemin construit pour et par chacun vers un futur désirable ?

Aujourd’hui, la réussite éducative ne semble trouver de reconnaissance que par le succès de l’insertion professionnelle. Peu à peu, il n’est plus d’autre horizon que l’accès à l’emploi - et au plus vite. Cette vision est totalement inapte à répondre aux préoccupations actuelles d’une jeunesse qui, au-delà de l’emploi, est en quête de sens, dans un monde en plein bouleversement. Tenons bon sur la reconnaissance de la diversité des voies de réussite. L’émancipation intellectuelle, culturelle, politique, hors du seul rapport au travail, était au cœur des progrès sociaux et éducatifs des derniers siècles ; et elle doit rester un enjeu majeur de politique publique.

Aujourd’hui, la valeur des espaces collectifs, où s’expérimente la citoyenneté active et le vivre ensemble, est de moins en moins reconnue ; et leur désaffection, entretenue par l’approche politique libérale et individualiste dominante. Le rôle des associations, creusets de cet engagement collectif, est atrophié par l’arrêt brutal des contrats aidés en 2017 ; et l’on tend de plus en plus à les considérer comme des supplétifs de l’Etat, des lieux d’assertion descendante de valeurs de la République, plutôt que d’émergence d’une libre conscience citoyenne.

Or, face à la désaffection politique, au surgissement des aspirations communautaires ou autoritaires, il est urgent de rappeler que la démocratie ne se décrète pas, mais qu’elle s’apprend, et se pratique. Que la République ne sera jamais aussi forte que si elle est comprise, choisie, éprouvée par de sains débats. Ainsi, formons des citoyens engagés plutôt que des récitants de valeurs républicaines désincarnées ; des citoyens éclairés, libres de penser, de s’organiser collectivement plutôt que de jouer dangereusement avec la facilité populiste.

Redonner du sens à l’éducation politique, réhabiliter les espaces collectifs, comme horizons positifs face aux crises démocratiques, sociales, écologiques : c’est le rôle que doit jouer l’éducation populaire.


Article à retrouver sur le site de Libération

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"Les villes en première ligne" https://leonoremoncondhuy.fr/villes-en-premiere-ligne/ https://leonoremoncondhuy.fr/villes-en-premiere-ligne/#respond Fri, 04 Mar 2022 06:32:26 +0000 https://leonoremoncondhuy.fr/?p=1466 Entretien avec André Laignel, Vice-Président de l'Association des Maires de France et Maire d'Issoudun.

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Entretien pour La Nouvelle République avec André Laignel, Vice-Président de l'Association des Maires de France et Maire d'Issoudun.

Extraits :

Les maires, acteurs de paix et de cohésion

André Laignel insiste : il ne faut pas sous-estimer le rôle que jouent les maires dans le maintien de la paix et de la cohésion en France : "Nous avons un pays de plus en plus divisé, et même aujourd'hui, cela atteint nos communes", constate le maire d'Issoudun. "Nous pouvons encore parfois réussir à être le lien pour atténuer les divisions dans nos communes."

L'élu tire même la sonnette d'alarme : "Si on ne nous donne pas les moyens de la proximité, alors, ce qui est aujourd'hui une faille, une division, peut devenir un gouffre et donc entraîner des conflits qui ressurgiront. Il y en a déjà eu. Si rien n'est fait, il risque d'y en avoir d'autres beaucoup plus graves que ceux que l'on a connus." 

La maire de Poitiers partage "à 100 %" ce point de vue. "Il s'agit de considérer notre regard de témoin des évolutions fortes de notre société et la fracture, y compris au sein de nos villes, en fait clairement partie", appuie Léonore Moncond'huy.

Le "pouvoir de vivre" et "pouvoir d'action"

Le pouvoir d'achat est aujourd'hui le sujet de préoccupation principal des foyers français. "Bien entendu nous en tenons compte, explique André Laignel. Nous le faisons dans nos tarifs sociaux, dans nos restaurants scolaires, dans le périscolaire… mais nos limites ce sont nos capacités financières". [...]

Plus largement, la maire de Poitiers préfère parler de "pouvoir de vivre". Elle explique : "Cela peut sembler rhétorique mais pas du tout, le pouvoir d’achat implique l’idée que l’argent fait le bonheur et d’un confort lié à l’idée de consommation. Nous, on peut améliorer le pouvoir de vivre des habitantes et des habitants en améliorant la qualité de vie et des services". Le fait de pouvoir manger bio à la cantine est un exemple. Mais Léonore Moncond'huy aimerait pouvoir aller plus loin."

Dématérialisation : la résistance de la maire de Poitiers

En 2022, les collectivités locales sont censées avoir dématérialisé 100 % des démarches publiques. Un non sens pour la maire de Poitiers qui qualifie cette mesure de "lame de fond particulièrement forte".

Léonore Moncond'huy assure en faire le constat tous les jours : "On sait très bien que pour un large pan de la population, c'est impossible d'avoir accès à ses droits parce qu'il y a une forme d'illectronisme qui est encore peu quantifiée mais que nous constatons. L'État dématérialise toutes les démarches de ses institutions mais ne met pas en oeuvre les moyens d'accompagnement qui vont derrière pour permettre aux citoyens d'y avoir accès."

L'élue cite l'exemple des conseillers numériques nouvellement embauchés dans de nombreuses communes, dont le but est de faire le lien entre les gens et les services. "On a une aide sur deux ans, mais au bout de deux ans, on ne pourra pas s'en séparer. Donc c'est un transfert de compétences qui ne dit pas son nom. On fait reposer sur les collectivités l'accès effectif des droits aux personnes à l'heure de la dématérialisation."

Léonore Moncond'huy monte au créneau : "Je suis dans une forme de résistance vis-à-vis de ça.  Il faut maintenir une alternative physique, en présentiel car sinon, ça ne va pas dans le sens de l'inclusion sociale."

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Une autoroute Poitiers - Limoges ? Un débat d'un autre siècle ! https://leonoremoncondhuy.fr/une-autoroute-poitiers-limoges-un-debat-dun-autre-siecle/ https://leonoremoncondhuy.fr/une-autoroute-poitiers-limoges-un-debat-dun-autre-siecle/#respond Tue, 01 Mar 2022 22:37:57 +0000 https://leonoremoncondhuy.fr/?p=1428 Le débat proposé par l'Etat sur un projet d'autoroute entre Limoges et Poitiers n'est pas sérieux. Le calendrier n’est pas sérieux, le projet en lui-même n’est pas sérieux, et pourtant, les besoins de notre territoire sont sérieux.

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[ Prise de parole Conseil Municipal du 31 janvier 2022 ]

Le débat proposé par l'Etat sur un projet d'autoroute entre Limoges et Poitiers n'est pas sérieux. Le calendrier n’est pas sérieux, le projet en lui-même n’est pas sérieux, et pourtant, les besoins de notre territoire sont sérieux.

Nous ne remettons pas en question le diagnostic qui est à l'origine de ce débat : il est important d’améliorer l’efficacité et la sécurité de la liaison entre Poitiers et Limoges, ainsi que la qualité de vie des riverains de cet axe. Selon certains acteurs de Haute-Vienne, la position de la Ville de Poitiers traduirait un mépris pour Limoges : bien au contraire. En tant que Conseillère régionale, j’ai vécu pendant 5 ans à l’échelle Nouvelle-Aquitaine, je me suis battue pour l’équité territoriale, et je sais combien les liaisons sont inégales entre les villes capitales de notre Région, combien, pour maintenir des administrations, des entreprises, des sièges d’associations, dans nos villes, il est essentiel qu’elles soient bien connectées au reste du territoire. Mais j’ai aussi constaté que, en quelques années, on a laissé le temps de trajet en train devenir supérieur à celui de la voiture ; je constate aussi que des projets de contournement de bourgs et de désengorgement des entrées de ville sont dans les cartons, depuis 10 ans, et qu’ils n’avancent pas, faute de volontarisme de l’Etat. Les alternatives concrètes à l'autoroute existent, elles sont dans les cartons de l'Etat, dans les cartons du CPER, depuis des dizaines d'années.

En 2022, lancer à la volée un projet de nouvelle autoroute, apparaît en décalage total avec les urgences du moment :

Les urgences de mobilité, tant sur l’axe Poitiers-Limoges que sur l’entrée de ville de Poitiers. Pour rappel 70% du trafic sur cet axe est local. Il s'agit, par exemple, de personnes qui vivent à Fleuré et viennent travailler au CHU de Poitiers. Des projets existent pour contourner les bourgs, un projet sera très bientôt présenté par Grand Poitiers pour créer un contournement léger et un pôle multimodal à Mignaloux, mais nous avons besoin du soutien de l’Etat pour les mettre en œuvre. Le dossier de concertation tel qu’il est présenté explique que les 1 milliards d’euros que coûtera cette autoroute, soit 9 millions d’euros par kilomètre, reposent à hauteur de 600 millions d’euros sur le financement des collectivités, dont aucune n'a donné son accord. En plus d'être pharaonique, le dossier explique aussi que ce montant ne comprend pas le paiement des opérations de contournement de bourg, ou d’entrée de ville, pourtant très demandés par les riverains des villes sur le trajet. C’est soit l’un, soit les autres.

Et puis, soyons sérieux, en 2022, tous les nouveaux projets de mobilité doivent contribuer à réduire notre impact écologique, pas à l’aggraver. Sur le territoire de Poitiers, 56% des émissions de Gaz à effet de serre sont liés à la mobilité, soit 20% de plus que la moyenne nationale. Ce poids des mobilités est notamment dû à la présence de l'autoroute Bordeaux-Tours sur notre territoire, ce qui justifie aussi que nous soutenions par exemple les opposants au projet d'élargissement de Sainte Maure de Touraine. Alors que nous demandons aux poitevins de faire des efforts, alors que nous investissons pour prioriser les mobilités propres à l'échelle de la ville, une nouvelle autoroute, dont on sait combien elle conduit à augmenter les émissions carbone, réduirait à néant tous ces efforts. Et construire une nouvelle autoroute contreviendrait, de fait, à l’engagement pris par la France dans le cadre des Accords de Paris.

Autre enjeu écologique : la préservation des terres. Sur le territoire de Grand Poitiers, on estime à 4% notre autonomie alimentaire. Alors que nous faisons des efforts considérables pour relocaliser les circuits alimentaires, pour augmenter la part de nourriture locale dans nos assiettes, cette nouvelle autoroute consommerait pas moins de 800 Ha de foncier agricole, non compensé, là encore en contradiction totale avec l’objectif de Zéro Artificialisation Nette inscrit dans la loi, et que nous soutenons en étant territoire pilote de sobriété foncière.

Alors que le gouvernement se place encore du côté des projets chimériques, qui jouent avec la patience des citoyens comme ils jouent avec l’argent public ; nous nous plaçons et nous placerons, nous, ville de Poitiers, aux côtés de celles et ceux qui avancent, concrètement, pour faire avancer les solutions qui existent pour les mobilités du quotidien, comme pour les solutions pour l’axe Poitiers-Limoges, et qui répondent réellement aux urgences de 2022.

Délibération votée par la Ville de Poitiers :

https://ardecos.grandpoitiers.fr/webdelib/files/unzip//seance_153424/13_d1644573809046.pdf

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La COP26 : billet d'humeur, depuis Poitiers https://leonoremoncondhuy.fr/la-cop26-bilan-personnel-depuis-poitiers/ https://leonoremoncondhuy.fr/la-cop26-bilan-personnel-depuis-poitiers/#comments Tue, 16 Nov 2021 14:07:13 +0000 https://leonoremoncondhuy.fr/?p=1329 L’expérience de la COP26 a quelque chose de l’ordre de la sidération. C’est l’avantage d’un regard semi-extérieur : il n’est pas aux prises avec le caractère grisant des négociations (qui peut vite aveugler sur les enjeux réels)

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La COP26 : billet d'humeur, depuis Poitiers

L’expérience de la COP26 a quelque chose de l’ordre de la sidération. C’est l’avantage d’un regard semi-extérieur : il n’est pas aux prises avec le caractère grisant des négociations (qui peut vite aveugler sur les enjeux réels)

Mais il est suffisamment proche pour comprendre qui sont les personnages, quelle est la pièce qu’ils et elles jouent, et finalement avoir les moyens d’un regard critique éclairé. Mon bilan sommaire du résultat des négociations est proposé par ici. À lire aussi l’article publié par BonPote

Depuis le poste d’observation, on assiste à l’échec des dirigeants du monde à s’accorder pour protéger l’avenir de l’humanité, en toute connaissance de cause des menaces vitales qui pèsent sur elle. 

Car, on aura beau dire, mais on SAIT ce qu’il faut faire pour lutter contre le changement climatique. Si les Etats le voulaient vraiment, ils organiseraient rapidement et drastiquement la baisse de la production d’énergies fossiles, au rythme demandé par la communauté scientifique. Et le savoir-faire est là ! J’ai vu tellement de compétences dans et autour de cette COP, qui n’attendraient qu’une impulsion politique pour mettre leur expertise au service du bien commun.

Au lieu de cela, les négociations semblent tout faire pour freiner la mise en place de mesures à la hauteur, et les engagements sont des « promesses creuses » (dixit le Secrétaire Général de l’ONU), souvent fondées sur des illusions technologiques.

DE QUOI LA COP26 EST-ELLE L’ECHEC ?

Échec de la science ?

Jeudi 11 novembre, veille de la fin officielle de la COP26, plus de 200 climatologues du monde entier ont publié une tribune pour exhorter les dirigeants à tenir compte des enseignements de la science.

Comment se fait-il que, dans un monde qui ne jure que par la science face au COVID, la science du climat ne conduise pas à l’action ?

Je suis touchée par les scientifiques, climatologues, qui, aujourd’hui…

Se questionnent sur leur responsabilité, comme François Gemenne, Chercheur spécialisé en géopolitique de l’environnement, membre du #GIEC.

Questionnent ce que l’on peut ressentir face à cet état des lieux scientifique ou avec le déni, comme Christophe Cassou, Directeur de Recherche au CNRS et membre du GIEC, face aux Sénateurs.

Tiennent bon, tout court, comme Jean Jouzel, paléoclimatologue et membre du GIEC, qui conseille encore les décideurs. Je l’imagine porté par l’espoir que l’un d’entre eux écoute le science, vraiment.

Echec de la parole politique

La #COP26, c’est l’échec de la parole politique.

Du début à la fin de la COP26, on a assisté à un concert de déclarations toutes plus solennelles les unes que les autres, qui en appelaient encore et toujours aux « générations futures », ou de plus en plus souvent, à leurs enfants et petits enfants – comme le temps passe…

« Allons-nous agir ou condamner les futures générations à souffrir ? »

Joe Biden, en ouverture.

« L’humanité a longtemps joué la montre sur le climat. Il est minuit moins une et nous devons agir maintenant » .

Boris Johnson, en ouverture.

« We are making life and death decisions for the planet »

John Kerry, chef des négociations pour les USA, à la fin des négociations.

Le discours du Président de la République française à l’ouverture de la COP26 était un vrai festival : 

« Le dérèglement climatique, c’est l’injustice au carré. […] Ce sont ceux qui n’ont pas porté les modèles de développement qui ont causé cette crise qui en vivent les premiers les conséquences. Ils en sont les premières victimes ».  L’Union Européenne, dont la France, ont freiné toute avancée sur les « loss and damage ».

« Le leadership exige l’exemplarité (…). J’appelle tous les pays qui ne sont pas au rendez-vous de leur juste part à prendre leurs responsabilités pour pouvoir tenir l’engagement de Paris ».

Doit-on rappeler la récente condamnation de la France pour inaction climatique avec #NotreAffaireATous ? Doit-on rappeler le sort des 150 propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat censées être votées “sans filtre” ?

« Nos jeunesses [ …] veulent nous voir prendre des engagements. […] Ce sont nos actions, nos résultats, qui redonneront une pleine confiance à notre jeunesse ».

Ah, « notre » jeunesse… Celle-là même dont la France condamne sciemment l’avenir, en étant le seul pays européen du G20 à avoir augmenté ses financements fossiles depuis la signature de l’Accord de Paris (+24% en 2019).

Comment, face à la décorrélation si entière entre les mots et les actes, exprimer la détresse réelle et sincère de nombre de pays, et au-delà de ça, de nombre d’entre nous ?

« Pour ceux qui ont des yeux pour voir, des oreilles pour écouter, et un cœur pour ressentir : pour survivre, nous avons besoin de limiter le réchauffement à +1,5°C. 2°C serait une condamnation à mort pour les populations d’Antigua et Barbuda, des Maldives, des Fidji, du Kenya ou du Mozambique, des Samoa et de la Barbade. Nous ne voulons pas de cette condamnation à mort et nous sommes venus ici pour dire ‘redoublez d’efforts, redoublez d’efforts’ car nous voulons exister dans cent ans”.

Mia Mottley, première Ministre de la Barbade, dont le pays est directement menacé par la montée des eaux.

« Nous voulons exister dans cent ans, et si notre existence signifie quelque chose, alors nous devons agir dans l’intérêt de nos peuples qui dépendent de nous ». « Si nous ne le faisons pas, nous permettrons à la cupidité et à l’égoïsme d’encourager notre destruction commune ».

La COP26, c’est une nouvelle trahison du langage, vidé de sa capacité à représenter le réel. En ce sens, le « Bla, bla, bla » de Greta Thunberg sonne terriblement juste.

Or c’est exactement de ça dont se nourrit la défiance actuelle envers le politique, et dont se nourrissent les nationalismes et les populismes qui montent partout dans le monde. Des mots, qui ne reflètent en rien la sincérité de la pensée ; des promesses, creuses. Des trahisons permanentes,  qui nourrissent la colère, qui nourrissent les extrêmes, qui nourrissent l’abstention et la désaffection pour l’engagement politique.

Retrouver la fiabilité de la parole politique : une autre urgence, démocratique celle-ci, sans laquelle nous, politiques, perdrons toute capacité à guider la marche du monde, par un fossé définitivement creusé entre les citoyennes citoyens et nous.

Echec du multilatéralisme ?

Vous êtes plusieurs à m’avoir interpellée sur l’inutilité des COPs. 

Il est vrai que depuis la première COP, les émissions de gaz à effet de serre n’ont fait qu’augmenter. Certains parlent même de « schisme de réalité », comme Stefan Aykut : une scission totale entre les discussions des COP et le réel.

C’est une autre raison de ma colère : l’échec des COPs conduit à la remise en question, par les citoyens, de la crédibilité et la pertinence même des organisations multilatérales. Pour rappel, ces organisations, autour de l’ONU, sont nées dans l’objectif de garantir la paix dans le monde, à l’issue de la deuxième guerre mondiale. La Paix, si fragile, face aux bouleversements induits par le changement climatique. Pour le climat, qui dit crise mondiale dit réponse mondiale, et elle ne pourra être efficace que si elle est coordonnée dans des cadres comme les COPs.

Une COP, à la base, c’est une manière de se dire : « OK, on a un problème, on va se mettre tous autour de la table pour essayer de le régler ». Nous serions nombreuses et nombreux à avoir ce réflexe ! Les COP, c’est avant tout un cadre de négociations, qui vise à prendre des décisions collectives.

Le problème n’est pas les COP, le problème n’est même pas les textes qui en ressortent si on pense à l’Accord de Paris. Le problème, c’est les Etats qui ne tiennent pas leurs engagements, ensuite ! Et qui refusent tout mécanisme contraignant. Il ne faut donc pas faire aux COP le procès de l’inaction des gouvernements. L’échec des COPs, c’est l’échec des volontés politiques, pas des COPs elles-mêmes.

Le mode de décision pourrait être questionné : dans les COPs, les décisions se prennent au consensus, c’est-à-dire qu’il faut l’accord des 196 pays pour qu’un texte soit validé. Cela conduit souvent à des décisions correspondant au plus petit dénominateur commun, donc non ambitieuses.

On peut en donner la lecture suivante. Les Etats ont, collectivement, intérêt à tout faire pour freiner le changement climatique. Mais d’un autre côté, dans un système économique libéral, ils ont tous également intérêt, pour optimiser leur prospérité nationale à court terme, à ne pas changer leurs modèles économiques. Un Etat qui s’engagerait, seul, à prendre les devants et aller plus loin, prendrait le risque d’une perte d’avantages de son pays par rapport aux autres, sans y gagner à la fin puisque le changement climatique ne connaît pas de frontières. Cette lecture peut expliquer l’inertie actuelle des négociations, autant qu’elle justifie le cadre international dans lequel elle se déroule : ils est très difficile pour un Etat, seul, de s’engager dans la voie d’un changement drastique, si d’autres ne le font pas aussi et simultanément. Nous nous constatons prisonniers d’un système fondé sur la compétition, plutôt que sur la coopération. Prisonniers d’une opposition entre le court terme (= souvent le temps politique) et le long terme (= l’intérêt de l’humanité).

Mais le leadership peut aussi jouer un vrai rôle d’entraînement, c’est un rôle que peut adopter la France. Un exemple : je vous ai largement parlé de l’enjeu des « loss and damage ». Nicola Sturgeon, Premier Ministre d’Ecosse, a été le leader sur cet enjeu très controversé : elle est la première à avoir engagé son gouvernement à hauteur de 2,5M d’euros/an. Peu de temps après, elle a été suivie par la Wallonie à hauteur de 1M d’euros/an, puis par l’Allemagne, jusqu’à laisser ouverte la possibilité que la proposition de la coalition des pays du Sud soit finalement acceptée. Des sommes très faibles, et finalement un échec, mais il est intéressant de constater que ces propositions susceptibles d’ouvrir la voie viennent… de collectivités, et de leaders féminines. De même que le Danemark, premier producteur européen d’hydrocarbures, a annoncé l’arrêt des exploitations pétrolières, sous l’impulsion de sa jeune Première Ministre, Mette Frederiksen.

AVANCER ENSEMBLE

L’échec de la COP, c’est l’échec des Etats à reprendre la main sur la marche du monde, et à réguler les logiques économiques qui nous entraînent dans le mur.

L’enjeu est aujourd’hui d’intensifier la mobilisation auprès des Etats, mais aussi auprès des entreprises les plus polluantes, qui refusent, via du lobbying intensif, toute régulation internationale. 

Nous avons en main, collectivement, le pouvoir de les pousser à répondre de leurs choix, le pouvoir de faire basculer les opinions citoyennes, le pouvoir de l’exemplarité collective, individuelle, locale.

L’action locale

J’ai passé tout mon déplacement à la COP à défendre la place des collectivités face au changement climatique. En première ligne pour agir, au plus proche du quotidien des personnes, nous serons aussi en première ligne demain pour assumer les conséquences des décisions qui ne sont pas prises aujourd’hui. Nous avons besoin de soutiens, et il faut reconnaître que plus le temps passera sans action internationale forte, plus notre rôle se recentrera sur l’adaptation de nos territoires, et la protection des habitants.

Nous, élus locaux et élues locales, nous avons la chance de pouvoir agir. Oui, c’est une chance, car l’action permet de dépasser la prostration que peut générer des perspectives climatiques si difficiles. Face à des Etats dont l’histoire retiendra qu’ils auront été incapables de s’accorder pour préserver notre avenir, nous sommes du bon côté de l’histoire, notre engagement a du sens, et nous sommes utiles. Nous pouvons agir, pour atténuer notre impact sur le climat et adapter notre territoire, avec plus de réactivité que les Etats et en recherchant le plus d’efficacité possible. Nous pouvons mobiliser autour de nous, nos partenaires, les citoyennes et citoyens, pour qu’elles et eux aussi agissent, et fassent boule de neige.

Nous avons la responsabilité, localement, de nous montrer plus forts que les divisions qui décrédibilisent les institutions multilatérales. Et surtout, nous avons la responsabilité, par des engagements fiables, qui auront la force de l’exemplarité, de tout faire pour garder vivante la confiance des citoyennes et citoyens en la politique, en notre pouvoir d’agir collectivement, et de reprendre en main notre avenir.

En étant en même temps conscients, en tant que français, de l’ordre de grandeur des changements attendus si nous voulons être exemplaires. En France, la moyenne des émissions annuelle par habitant est évaluée à 10 tonnes d’eqCO2 en moyenne, très loin de l’objectif de 2 tonnes/an d’ici 2050. A l’échelle mondiale, l’impact du confinement quasi-généralisé n’a pas suffi pour remplir cet objectif, c’est dire les changements attendus. Les principaux postes d’émissions carbone (transports, logement) reposent largement sur des décisions politiques… mais il faut les accepter 😊

La justice

C’est une autre source d’espoir. Qui pour en parler mieux que Marie Toussaint, initiatrice de L’Affaire du Siècle, qui a conduit à la condamnation de l’Etat pour inaction climatique :

« Les actions en justice pour le climat menées face aux états ou aux industries des énergies fossiles commencent à recevoir des issues favorables, et cette tendance n’est pas prête de se renverser. Face à l’absence d’avancées sur les pertes et dommages, Antigua et Barbuda a décidé de porter plainte… Une fois de plus, la justice pourrait venir des tribunaux. On leur souhaite bonne chance ! Espérons aussi que ces actions en justice pourront donner valeur contraignante aux « accords parallèles » de la COP26… »

La mobilisation citoyenne

En bref, l’échec de la COP26, c’est avant tout le signe qu’aucun sursaut de prise de conscience n’a eu lieu. Pour enclencher, enfin, une prise de conscience global, il faut agir à tous les niveaux : il faut agir individuellement,  soutenir et faire converger toutes les énergies militantes, politiques, citoyennes, économiques, de l’échelle locale à l’échelle globale. L’objectif : atteindre le point de bascule qui pourra, en prenant de l’ampleur, faire gagner l’intérêt de notre communauté humaine, sur toute autre considération. 

***

Partir de Glasgow après la COP pour rejoindre Poitiers, c’est un voyage direct et un peu étrange depuis le « penser global » vers le « agir local ».

Partir d’un espace où l’urgence climatique s’affiche partout, pour retrouver un territoire, où l’Etat lance un « grand débat » sur une nouvelle autoroute, où pour être « en phase avec la réalité » on propose de relancer des lignes aériennes… On mesure le chemin qui reste à parcourir.

Mais surtout, partir d’un espace où la question de l’avenir se pose en chiffres, en degrés et en dollars, pour retrouver un territoire dans toute sa dimension humaine, avec les événements qui animent son quotidien, les échanges de tous les jours. C’est la parole des gens que nous portons, en tant que Maires, et c’est la préoccupation pour l’avenir de chacun d’entre eux et chacune d’entre elle que nous emmenons avec nous dans les COPs.

Partager les enjeux globaux, porter au quotidien les petites et grandes batailles de l’action à l’échelle locale, dans toute la complexité du réel et la chaleur des liens humains : c’est aussi ça, la chance et la responsabilité de Maire.

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Quel bilan pour la COP26 ? https://leonoremoncondhuy.fr/quel-bilan-pour-la-cop26/ https://leonoremoncondhuy.fr/quel-bilan-pour-la-cop26/#respond Sun, 14 Nov 2021 22:37:53 +0000 https://leonoremoncondhuy.fr/?p=1297 Avant tout, il faut l’assumer d’emblée : la COP26 n’a pas permis de « sauver les 1,5°C ». Le Pacte de Glasgow n’est pas du tout à la hauteur de l’urgence climatique. Alors qu’il devait « sauver l’objectif des 1,5° », il hypothèque une fois de plus notre avenir en le soumettant à des engagements dilués et insincères des États.

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Quel bilan pour la COP26 ?

Je vous présentais il y a quelques jours quelques-uns des objectifs de la COP… Le « Pacte de Glasgow pour le Climat » ayant été finalement acté samedi soir, je vous propose de faire un bilan (presque) à froid à partir de ces objectifs.

Avant tout, il faut l’assumer d’emblée : la COP26 n’a pas permis de « sauver les 1,5°C ». Le Pacte de Glasgow n’est pas du tout à la hauteur de l’urgence climatique. Alors qu’il devait « sauver l’objectif des 1,5° », il hypothèque une fois de plus notre avenir en le soumettant à des engagements dilués et insincères des États. Sans action immédiate, nous nous acheminons tout droit vers + 2,7°C. 

Dernières négociations révélatrices

Les enjeux des négociations ont été largement documentés dans la presse, mais suivre (à distance !) les derniers échanges en plénière s’est avéré éloquent.

Un exemple ? 

Déléguée du Costa Rica : « Ce n’est pas l’accord parfait, mais c’est un accord avec lequel nous pouvons vivre »

La réponse n’a pas tardé de la Déléguée des Maldives, dont l’ensemble du territoire se situe à moins de 2m au-dessus du niveau de la mer : « Pour nous, c’est un enjeu de survie. Ce qui semble équilibré et pragmatique à d’autres parties n’aidera pas les Maldives à s’adapter à temps – ce sera trop tard pour les Maldives ».

Le Ministre des Affaires étrangères de Tuvalu, l’un des pays les plus directement menacés par le changement climatique, a donné un discours les pieds dans l’eau, dans une zone il y a peu encore émergée, pour alerter sur l’urgence d’agir.

Le « Glasgow Climate Pact » est partout présenté comme un texte de « compromis ». De nombreux pays pauvres, pourtant très attachés à des mesures finalement non présentes dans le texte, ont finalement accepté de le soutenir, à contrecoeur.

A la toute dernière minute des négociations, alors que le texte allait être approuvé… l’Inde et la Chine, coalisés pour l’occasion, ont imposé une proposition in-extremis visant à changer un mot dans le texte, au sujet de la sortie du charbon : le terme « progressive phase-out » (sortie progressive) est remplacé par “progressive phase-down » (diminution progressive). 

Par ailleurs, ni l’Inde, ni la Chine, fortement dépendants du charbon pour leur développement, n’ont signé d’accord sur la sortie de l’usage domestique du charbon.

Leur argumentaire a le mérite de la franchise : 

Délégué de l’Inde : « Comment peut-on attendre des pays en voie de développement qu’ils fassent des promesses à propos du charbon, et des ressources fossiles ? […] Le changement climatique est avant tout causé par des modes de vie non soutenables […] et par des modèles de consommation qui gaspillent les ressources ». « Nous voulons avoir une part juste du budget carbone qu’il nous reste », et « continuer une consommation responsable d’énergies fossiles ».

Ces propos de l’Inde sont en total décalage avec l’urgence de stopper, tout court, la consommation de charbon. On peut néanmoins s’interroger sur la notion d’équité dans la manière d’aborder le changement climatique. Une sortie équitable des énergies fossiles ne demanderait-elle pas un plan faisant peser les efforts les plus intenses sur les pays dits « développés » ? Et ne demanderait-elle pas d’avoir la même exigence vis-à-vis de toutes les énergies fossiles, charbon, qui concerne majoritairement les pays moins développés, et pétrole / gaz, pour les champions de la pollution du Nord ? Peu de temps après la COP, Joe Biden confirme le lancement de la plus importante plateforme pétrolière offshore jamais construite, dans le Golfe du Mexique

L’absence totale de volonté des pays riches, pourtant donneurs de leçons comme les USA ou la France, permet à des pays tels que l’Inde ou la Chine d’arguer du fait que si ces pays riches ne font pas leur part, ce n’est pas à eux de s’y engager en premier. C’est pourquoi le fait que certains pays prennent le lead, aussi « petits » soient ils considérés comme la France, pourrait vraiment avoir une influence.

Il s’agit donc avant tout d’un texte de « compromis » avec notre avenir, et en particulier celui des pays les plus menacés avant tout…

Le Président de la COP, Alok Sharma, a eu du mal à retenir ses larmes au moment de clôturer la COP26, et s’est dit « profondément désolé ».

Quels résultats ?

Pour rentrer dans les détails, à partir des objectifs que je vous proposais de suivre :

Obtenir de nouveaux engagements pour tout faire pour rester, vraiment, sous la barre des 1,5°C

Est-il encore possible de respecter l’Accord de Paris ? « Oui, à condition de commencer tout de suite, et de tenir ses promesses », répondait François Gemenne, membre du GIEC, en vidéo pendant la COP. Le problème, c’est que « les promesses d’action ont remplacé l’action elle-même »

Quels résultats pendant la COP ?

A ce stade, aucun. Le texte appelle à relever les engagements des Etats de réduction, dès 2022, mais… avec la possibilité d’aménagements pour « circonstances nationales particulières ». On peut craindre qu’elles seront nombreuses. 

Formellement, les Etats maintiennent l’objectif de 1,5°. Le texte s’appuie même explicitement pour la première fois sur les preuves scientifiques évaluées dans le 6e rapport du GIEC.

Mais cela ressemble de plus en plus à de la politique fiction : en réalité, il est de notre responsabilité de reconnaître que la COP26 a définitivement enterré l’objectif de 1,5°. Les engagements formels des états, non rehaussés, n’y suffiront pas, et surtout, depuis l’Accord de Paris ils n’ont été tenus par aucun des Etats signataires. Aujourd’hui, il n’y a toujours pas de feuille de route concrète pour faire en sorte de tenir ces promesses, et pas de mécanisme contraignant international. Dont acte.

Franchir le pas de l’adaptation et de la solidarité mondiale face au changement climatique

Alors que l’Accord de Paris prévoyait une répartition à 50/50 des fonds dédiés au climat entre l’atténuation et l’adaptation ; on estime aujourd’hui que seuls 25% des fonds sont effectivement dédiés à l’adaptation, souvent sans stratégie solide, y-compris en Europe et en France. 

Les états vulnérables demandaient une aide financière, correspondant à la promesse faite en 2009, à la COP15, d’un fonds de 100Mds d’euros/an pour les aider à réduire leurs émissions, et à adapter leurs territoires. Alors que rien n’avait été encore versé à l’ouverture de la COP26, la déclaration finale se contente de déplorer “avec grand regret” que cette promesse n’a pas été tenue et “exhorte” les Etats à le faire “urgemment” au plus tôt et jusqu’en 2025, date à partir de laquelle l’enveloppe devrait être doublée. Le texte de la COP demande aussi un doublement de fonds dédiés à l’adaptation.

Quand bien même ils seront atteints, le diable se cache souvent dans les « détails » : ces « fonds » sont majoritairement… des « prêts », aujourd’hui, et non pas des aides directes. Des prêts, qui vont remettre une pièce dans la dépendance des pays les plus pauvres vis-à-vis des plus riches, alors mêmes qu’ils ne se remettent pas d’une crise COVID à laquelle ils ont bien moins pu résister que nous… Le cynisme même.

Ces Etats demandaient aussi la reconnaissance des « pertes et préjudices ».

Un enjeu que résume le ministre de l’Économie et du Changement climatique des Fidji : 

« Quand les émissions ne sont pas réduites suffisamment, vous entrez dans le territoire de l’adaptation, et quand l’adaptation n’est pas suffisante, vous devez faire face aux pertes et préjudices ».

Jamais encore cela n’a fait l’objet d’une réponse internationale solide et structurée. Mais pendant la COP26, cette demande a été fortement portée, par les pays concernés, et par de nombreuses ONG.

Une coalition de pays (le G77 + Chine, représentant 70% de la population mondiale), a proposé de créer un « Glasgow Loss and Damage Facility », un mécanisme de financement permettant de reconnaître et prendre en charge les dégâts dans les pays déjà touchés par le changement climatique. 

Les « loss and damage » auront vraiment été un marqueur fort de cette COP. La Première Ministre Ecossaise, Nicola Sturgeon, a pris le lead sur cette question, en engageant son gouvernement à être le premier à contribuer au dédommagement des « loss and damage », à hauteur de 2,5M d’euros/an, suivie par la Wallonie à hauteur de 1M d’euros/an, puis par l’Allemagne pour atteindre 10M. Les sommes sont dérisoires au regard des enjeux, mais elles ouvraient la voie à de potentielles réponses.

Des réponses qui ne sont pas venues : suite à la pression de l’Union Européenne et des Etats-Unis, réticentes face aux risques juridiques et financiers d’un tel engagement, la proposition finalement adoptée consiste en un dialogue annuel jusqu’à 2024, le « Glasgow dialogue » – « Glasgow », encore, preuve de l’importance symbolique du sujet pour cette COP.

La justesse et la légitimité de la demande concernant les « loss and damage » est évidente ; mais c’est aussi un enjeu d’une grande complexité. Un enjeu sensible politiquement : agir pour les « loss and damage » se fonde sur la reconnaissance de la responsabilité historique des pays développés dans le changement climatique. Y sommes-nous prêts, collectivement ? Ce message peut-il être audible, de la part de pays qui sont très loin d’être exemplaires au regard du climat, aujourd’hui ? Financer l’adaptation, financer des compensations, sans par ailleurs agir drastiquement pour la réduction de nos émissions, ne serait-ce pas d’un cynisme difficilement soutenable ? Et peut-on vraiment, par des moyens financiers, réparer l’irréparable ? Enfin, nous nous inscrivons clairement dans une perspective de changement climatique qui s’aggravera, pendant des dizaines d’années. Une « assurance climat » ne peut pas être un mécanisme ponctuel ; c’est un mécanisme assurantiel d’ampleur, structurant à l’échelle mondiale, cadré par la force publique, qu’il faut construire. Espérons que cette COP aura vraiment permis de franchir un cap pour le faire.

Engager la sortie de notre dépendance aux énergies fossiles

On sait que “pour conserver 50% de chance d’arriver à une température de +1.5 °C, 90 % du charbon et 60 % du pétrole et du gaz connus doivent rester dans le sol”.

L’accord de Paris de 2015 ne contenait pas le terme « énergies fossiles » (ni « charbon », « pétrole »…) qui sont pourtant la source directe du changement climatique. Tous les textes issus des précédentes COP s’étaient toujours concentrés sur la réduction des émissions, du fait notamment du poids des lobbies et pays producteurs d’énergies fossiles (dont la présence massive à Glasgow témoigne de l’importance financière des négociations) tenter d’agir sur les conséquences sans agir sur les causes du problème est une faiblesse évidente.

En ce sens, le fait que, pour la première fois, le « Pacte de Glasgow » mentionne explicitement les énergies fossiles est un progrès. Le cap symbolique est franchi, d’autant plus symbolique dans un pays dont la Révolution industrielle s’est massivement fondée sur le charbon.

Mais le texte final est bien faible et, encore une fois, assorti d’aucun engagement chiffré ni contraignant.

Le premier brouillon de texte appelait les pays à “accélérer la sortie du charbon et des subventions aux énergies fossiles”. Sous la pression in extremis de l’Inde et de la Chine, le texte adopté appelle finalement à “intensifier les efforts vers la réduction du charbon sans systèmes de capture (de CO2) et à la sortie des subventions inefficaces aux énergies fossiles”.

Les « systèmes de capture de CO2 » sont des technologies dont la maturité ne suffira pas à répondre à l’urgence à ce stade, qui relèvent de la croyance technologique. Et je laisse l’incongruité de l’expression « subvention inefficace » (il existerait des « subventions efficaces » aux énergies fossiles ?!) à votre appréciation.

Et le marché carbone ?

Je vous parlais jeudi de l’épineux dossier de l’« Article 6 » de l’Accord de Paris, qui concernait les marchés carbone. Après des années d’échec des discussions, un accord a finalement été trouvé à Glasgow, à l’issue de discussions extrêmement rudes. Cela donne une idée des enjeux financiers majeurs, moins visibles, mais pourtant déterminants dans l’issue des COPs. Formellement, cela permet la finalisation des règles d’application de l’Accord de Paris.

Le mécanisme du marché carbone international est désormais lancé, vrai levier pour certains, greenwashing massif pour d’autres, c’est un enjeu très technique qui, mal cadré, pourrait en tout cas vider l’Accord de Paris de toute substance. Ce marché pourrait autoriser la mise en place de compensations carbone massives, sous forme de marchés et de crédits totalement artificiels donc inefficaces pour le climat voire dangereux. Les conséquences sont encore difficiles à mesurer, et les mécanismes de contrôle déjà dénoncés comme étant insuffisants. 

Et les collectivités, alors ?

On peut considérer que c’est « mission accomplie » : le rôle des gouvernements locaux est inscrit en préambule, et nous avons pu porter notre plaidoyer en plus haut lieu. A nous de savoir le faire entendre pour la suite, car là encore, aucune intensification du rôle stratégique des collectivités dans les COPs n’est prévue. Mais, face à une crise climatique mondiale, sans accord mondial pour y répondre, notre rôle, même si reconnu, consistera de plus à gérer l’adaptation des territoires, et les crises qui y sont liées. 

Ce bilan concerne le texte formel du « Pacte de Glasgow », mais on peut citer quelques autres engagements, hors cadre des négociations, ont été annoncés en marge de la COP.

Des alliances d’Etats ont ainsi annoncé

  1. Un accord sur la fin du financement à l’étranger des énergies fossiles. 39 pays, dont la France, ont signé un accord mettant fin aux financements à l’étranger de projets d’exploitation d’énergies fossiles sans techniques de capture du carbone d’ici à la fin 2022. De fait, quasi tous les projets financés par la France comportent une part de capture carbone, et pourront donc tranquillement rester financés.
  2. Un accord sur le méthane, le 2e gaz responsable du réchauffement climatique après le CO2, longtemps hors-radars des accords. 107 pays, dont l’UE, se sont engagés à réduire leurs émissions de méthane de 30% d’ici à 2030, par rapport à 2020… Mais l’absence de nombreux pays fait que 45% des émissions mondiales ne sont pas concernées.
  3. Sur la déforestation : on recycle ! 180 pays, dont la France, se sont engagés à enrayer la déforestation d’ici à 2030. Pour une fois, il y a de l’argent en jeu -16 milliards d’euros- mais comme toujours, pas de plan de mise en œuvre : les engagements avaient déjà été pris en 2014, sans effet. 

Des engagements qui vont dans le bon sens, dans le sens où ils s’attaquent aux bons problèmes, mais, non respectés et non étendus à l’échelle mondiale, ils ne contribueront pas significativement à respecter les Accords de Paris.

***

Alok Sharma, le Président de la COP, a conclu : 

« I think we can say we have kept 1.5 within reach, but its pulse is weak. It will only survive if we keep these promises »

« Je pense pouvoir dire que nous avons maintenu l’objectif de 1,5° à portée de main, mais son pouls est très faible. Il survivra seulement si nous tenons nos promesses ».

Pouvait-il formellement assumer la mort des 1,5° ? 

Je crois aujourd’hui qu’il est de notre responsabilité de le faire, pour ne plus perdre de temps, et agir en toute lucidité vis-à-vis de nos concitoyennes et concitoyens. Nos gouvernements, qui semblent se complaire dans une politique fiction de plus en plus hallucinante à mesure que les mois passent, nous mettent dramatiquement en danger. Après avoir sciemment nié les alertes sur le principe du changement climatique, ils nient aujourd’hui les ordres de grandeur des changements attendus pour maintenir un monde vivable, de même qu’ils refusent de voir l’urgence de préparer les citoyennes et citoyens aux bouleversements attendus.

Formellement, aucun des objectifs attendus de cette COP n’a été atteint. Ni le sursaut de mobilisation générale pour l’atténuation. Ni l’engagement réel vers l’adaptation et la responsabilisation des pays historiquement responsables de la situation. Ni la solidarité, invisibilisée dans cette COP par l’absence de nombre des premiers concernés, diluée dans un concert de cynisme et de réticences à peine masquées des pays riches, qui reste plus que jamais un impératif. 

Toujours est-il que nos espoirs immédiats reposent désormais sur la capacité des Etats à tenir et renforcer leurs engagements… et donc, sur notre capacité à agir, et à faire pression sur nos gouvernements pour qu’agir devienne impératif.

Quelle place pour la colère ? Quelle place pour l’action qui permet de se projeter positivement dans l’avenir ?

C’est l’objet d’un bilan plus personnel, bien que politique, de cette COP, à retrouver dans cet article.

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