Carnet de bord de la COP26 - Jour 1

Pour pouvoir porter la parole des collectivités à Glasgow… il faut aller à Glasgow !

Nous sommes partis à 7h15 de la gare de Poitiers, une délégation de 4 poitevins, dont deux élues, Zoé Lorioux-Chevalier, déléguée à la coopération internationale, et moi-même. Un journaliste nous attendait, pour prendre une photo du départ. J’ai eu le plaisir de découvrir, dans la revue de presse du jour, combien la presse locale avait encore une fois joué le jeu de rendre vivante la COP26 sur le territoire de Poitiers, aujourd’hui comme depuis une dizaine de jours.

Communiquer c’est une condition de réussite de ce déplacement

La communication autour de ce déplacement interroge certains poitevins, certaines poitevines, les réseaux sociaux m’en font écho. Communiquer, c’est pour moi une condition de réussite de ce déplacement à la COP26 : c’est un moyen, en tant qu’élue, de dépasser les cercles fermés des négociations et d’associer autant que possible le grand public, de Poitiers et d’ailleurs, aux enjeux majeurs et du climat plus largement. Cela m’a d’ailleurs pris du temps pendant cette journée !

J’ai eu le plaisir, aussi, de découvrir l’article qui faisait suite à la rencontre organisée à la Mairie la semaine dernière avec les jeunes poitevines et poitevins engagés pour le climat. Exigeantes et exigeants, elles et ils le sont, légitimement ; mais leur énergie me nourrit pour ce déplacement, et renforce la parole que je souhaite porter.

Nous les Maires on n’arrive pas en jet et on dort pas en réunion

Poitiers-Paris, changement de gare, Paris-Londres via l’Eurostar, changement de gare à nouveau puis Londres-Glasgow : c’est finalement autour de 18h30, heure de Glasgow (donc 17h30, heure de Poitiers !), que nous débarquons sur le quai de la gare « Glasgow Central Station ». 10h de trajet, un temps équivalent à celui que j’aurais passé en avion, je défends ce choix sur les réseaux sociaux dans un article dédié. Des commentaires interpellent sur la différence de coût entre avion et train, qui empêchent certaines familles de faire ce choix. Cette demande est juste, il faudra que j’explique, ailleurs, la construction artificielle des prix différenciés entre le train et l’avion…

Le trajet est passé très vite : entre deux escales et une interview pour le Journal du Dimanche, je peaufine les éléments de plaidoyer pour les rencontres du lendemain, je révise les mots techniques du climat en anglais, je communique et fais de la veille sur les réseaux sociaux, tout en répondant à des mails concernant les dossiers de la Mairie, à distance. Ombelyne Dagicour, première adjointe, prend le relais des affaires courantes en mon absence, mais des décisions demandent toutefois mon attention.

Le train, c’est aussi l’occasion de faire des rencontres, de prendre le temps d’échanger. Par un pur hasard, c’est Yannick Jadot que je croise dans la gare. Il monte dans le même train que nous, pour rejoindre Glasgow parmi la délégation de députés européens, et nous avons le temps d’échanger sur nos attentes vis-à-vis de la COP. Les dernières annonces sont mauvaises (la France qui ne rejoint pas l’engagement de l’arrêt du financement des énergies fossiles à l’étranger, le premier « draft » de l’accord qui pourrait ressortir de cette COP qui ne mentionne même pas la responsabilité des énergies fossiles, fruit d’un travail acharné des lobbies…), et la colère prédomine. Lui, européiste sincèrement convaincu, craint qu’un nouvel échec d’une COP remette en question le multilatéralisme en soi, c’est-à-dire la pertinence des rendez-vous entre dirigeants mondiaux comme les COP. « Mais ce n’est pas le multilatéralisme qu’il faut remettre en cause, c’est le manque de volonté politique de ceux qui nous gouvernent ! ». Je partage ce point de vue.

Avec tout ça, pas le temps pour une sieste, même si ce n’est pas le besoin qui manque. Nous les Maires ne sommes décidément pas des dirigeants comme les autres :  on n’arrive pas à la COP26 en jet, et on ne dort ni en réunion, ni dans le train 😊

Welcome ! The world is looking to you COP26

Dès Londres, la COP s’affiche partout… « Welcome ! The world is looking to you COP26 », lit-on sur des affiches… Ou, plus souvent, sur des panneaux numériques. Jusque dans le train où des écrans passent ce message ! A la gare de Glasgow et autour, idem : la com’ de la COP est partout, sur les quais de gare, dans les rues, dans les vitrines des librairies qui font des sélections « Spécial climat », ou dans les panneaux publicitaires qui vantent les plantations d’arbres de telle ou telle entreprise. Qu’une ville soit fière d’accueillir le monde chez elle autour du Climat me semble positif ; mais j’ai lu tellement de premières impressions désabusées, que je m’attends en effet à du greenwashing partout. Les panneaux numériques, peut-être un détail mais consommateurs d’une énergie superflue en soi, me semblent un premier signal dissonant.

Plus on s’éloigne de la gare, cependant, moins la COP est omniprésente. Les 30 000 visiteurs se fondent dans les plus de 500 000 habitants de Glasgow, une ville que nous découvrons de nuit. Nous allons chercher notre « kit sanitaire » (auto-test COVID demandé tous les matins !), et nous retrouvons la délégation de Cités Unies France, notamment deux autres élus, Benoît Pilet, Adjoint à Angers, et Elise Pereira-Nunez, Adjointe à Tours.

Autour d’un fish and chips, nous affinons le programme des jours à venir, et nous nous accordons sur les points à mettre en avant dans nos prises de parole. Un point nous tient à coeur : nous savons que lors de cette COP, de très nombreux représentants des pays du Sud n’ont pas pu être présents, à cause de la crise sanitaire et des prix exorbitants à Glasgow. Greta Thunberg avait ainsi qualifié cette COP de « la plus excluante de toutes les COP », à tel point que les intervenants manquent pour porter leur parole dans les conférences. Nous, qui avons la chance d’être présents et sollicités, serons attentifs à rappeler à chaque occasion l’enjeu majeur de la solidarité internationale dans la gestion de la crise climatique. Au nom, autant que possible, de celles et ceux qui sont absents, et sont souvent partenaires de nos collectivités. En tant que porte-parole de CGLU, j’ai conscience de porter aussi la parole de collectivités de pays vulnérables ; leur voix doit d’être entendue, même indirectement portée par une élue française.

La logistique prend enfin beaucoup de place à notre arrivée, de même qu’elle occupe nos équipes depuis des semaines. Cela a été largement documenté, la logistique de cette COP est une vraie galère, entre logements aux coûts exorbitants, donc excentrés pour la plupart des participants, et protocoles sanitaires encore plus changeants que ceux qui tombent régulièrement dans nos Mairies. Pour l’hébergement, nous ne faisons pas exception : face à des prix de chambre d’hôtel qui pouvaient aller jusqu’à 15000 euros/nuit, c’est dans un AirBnb que nous sommes hébergés, à presque une heure en bus du Scottish Events Centre où se tient la COP. Quelques-uns ont carrément apporté leurs affaires de camping, un air de road-trip en équipe, je pense aux jeunes du « Défi Marbourg » et me dis que nous n’en sommes pas si loin !

Au programme du mercredi 10 novembre

– Objectif : être à 8h devant la COP, après avoir fait autotest et trajet en bus (avec avant l’autotest et le trajet, donc lever…)

– Retrait du badge (la fameuse accréditation « Zone bleue » dont je vous parlais dans cet article) et visite des différents pavillons

– 11h : Echanges autour d’un café avec le Maire de Grenoble et le Président de Grand Lyon

– 14h30 : Intervention sur le pavillon Europe, autour de la thématique : « Green Deal as an Example for Green Recovery in Developing Countries and Subnational Governments ».

– 16h : Rencontre avec l’Agence Française de Développement.

– 17h45 : Interview en direct pour le JT de France 3 Nouvelle-Aquitaine.

Des questions sur ce déplacement à la COP ? N’hésitez pas à les laisser en commentaires, je tenterai d’y répondre demain !

Cet article a 5 commentaires

  1. Ugolini Viviane

    bonjour
    Merci de ce compte rendu très intéressant qui ne néglige pas les détails de voyage parfois difficiles . Bon courage à toutes les deux . Et à bientôt de vous lire pour la suite. Bien solidairement !
    Viviane Ugolini

  2. Dehan Nathalie

    Bravo, courage et merci !

  3. vezien jean jacques

    je sais que la planette est entre de bonnes mains avec vous et que vous allez faire un super travail merci pour ce que vous faites je le vois deja a poitiers

  4. Oddos

    Je suis curieux de vos échanges avec le grand Lyon et Grenoble, parliez-vous de politique en France où des enjeux de cette COP?
    En tous cas, merci de votre newsletter qui éclaire la réalité de ces rencontres.
    Moi qui me plaint des conditions d' hébergement des compagnies et festivaliers en Avignon, je relativise un peu.
    Bonne suite.

  5. Bobin

    Quelle bonne idée ce carnet de bord...

Laisser un commentaire