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Photo : Yann Gachet

Monsieur le Préfet,

Madame la présidente, chère Florence,

Chers élus,

Chers partenaires, chers membres du comité de quartier, chers commerçants, chères associations cyclistes,

Mesdames, Messieurs

Promesse tenue. Défi relevé. Le Pont-Neuf réouvrira lundi. Bus, vélos, piétons et même voitures pourront y circuler librement, et ce, en parfaite sécurité.

C’est une très belle étape que nous franchissons ensemble aujourd’hui. Et c’est peu dire que cette étape vient de loin.

Un peu d’histoire, pour commencer : le Pont-Neuf doit sa naissance aux caprices du Clain. En raison de la vétusté des ponts Joubert, et Saint-Cyprien, sans cesse fragilisés par les crues, son édification a été lancée en 1788 sous l’égide du comte de Blossac, et ne fut achevée qu’après la Révolution. La construction du pont a profondément modernisé Poitiers, et a ensuite donné l’impulsion, au XIXe siècle, à la réalisation d’une percée entre Clain et centre ville, au travers de l’ancienne abbaye Sainte-Croix, aujourd’hui la rue Jean Jaurès.

Inscrire le Pont Neuf à la fois dans son histoire et dans notre avenir fait écho au premier objectif du chantier qui s’achève aujourd’hui : réhabiliter le Pont-Neuf en lui-même, sécuriser les infrastructures publiques et les réseaux, et s’adapter aux effets du changement climatique. Aujourd’hui, nous avons rénové un ouvrage d’art majeur de Poitiers ; nous avons renouvelé les réseaux d’eau, d’électricité et de communications ; et nous avons adapté la voirie aux flux d’eau pluviale massifs que nous connaîtrons de plus en plus. Le tout, au service d’une sécurité durable, pour ce quartier et ses habitants.

Mais, dans l’histoire poitevine, le Pont Neuf, son Faubourg, a aussi historiquement été un lieu de vie, parmi les plus foisonnants de Poitiers. C’est une dimension qui s’était peu à peu amoindrie, ces dernières décennies, du fait d’un flot massif de circulation avec près de 15000 véhicules par jour. En réaménageant la rue du Faubourg du Pont Neuf, nous contribuons à refaire du Pont Neuf un quartier vivant bien plus qu’un axe de passage. C’était le deuxième enjeu de ce projet. Y contribuent la qualité de la voirie, plus confortable et inclusive pour les personnes à mobilité réduite ; la plus grande place globalement laissée aux piétons ; et l’apaisement de la circulation avec une zone 30 qui a précédé l’extension de la mesure à toute la ville. Et, pour tout vous dire, le projet n’a pas tout à fait aujourd’hui sa forme définitive… Il faudra revenir, pour de nouvelles découvertes ! Le mobilier urbain, bancs, appuie vélos, sera posé dans les semaines à venir, pour encore plus de convivialité ; et cet automne, nous planterons une douzaine d’arbres, et végétaliserons les façades des riverains volontaires, une autre contribution à la qualité de vie au quotidien et au plaisir de se promener dans l’espace public.

Et puis, nous sommes vigilants, autant que nous pouvons l’être et vous le savez, à la qualité de l’urbanisme dans le quartier : le quartier attire, le quartier évolue, mais il est important de pouvoir concilier contribution à la densification urbaine, qui est une nécessité ; et qualité de vie actuelle et future de tous les habitants. C’est l’objectif de la démarche Territoire Pilote de Sobriété Foncière, dont le quartier du Pont Neuf est une zone d’expérimentation majeure.

Enfin, notre troisième objectif, et non des moindres, était d’impulser une nouvelle ère des mobilités à Poitiers. Historiquement, le Pont Neuf a accueilli en 1903 les rails de la ligne C du tramway de Poitiers, jusqu’en 1948. Si nous ne retrouverons pas, en tout cas pas tout de suite, de tramway sur cet axe, c’est bien un nouveau paradigme que nous matérialisons aujourd’hui : la mobilité publique, ce n’est plus avant tout la voiture. Le partage est désormais la norme ; et l’encouragement aux mobilités douces et actives, un impératif. Et un tel changement, ça ne s’impose pas, ça s’encourage, ça se diffuse, progressivement. Suite à l’expérimentation conduite en 2021, nous avons choisi de conserver la possibilité pour les voitures d’emprunter cet axe dans les deux sens, ainsi que les bus. Je serais prête à parier, et j’espère, que d’ici quelques années les habitants nous demanderont d’aller plus loin.

Mais surtout, nous avons construit un nouveau trait d’union cyclable entre les deux cœurs battants de notre ville : le centre ville, et le pôle campus/CHU, qui sont à la fois des espaces d’activité majeurs et les premiers foyers d’emploi du territoire. Un trait d’union, qui part de la rue Jean-Jaurès, avec son carrefour « à la hollandaise » qui est encore une rareté en France, et qui s’achèvera complètement d’ici la fin d’année, avec des travaux qui, rassurez-vous, seront bien plus légers que ceux que nous terminons aujourd’hui. Cette piste cyclable, c’est le nouveau standard que devront respecter tous les futurs aménagements cyclables du réseau sur Poitiers : une piste bi-directionnelle, matériellement séparée de la route donc sécurisée, clairement visible et identifiable par un revêtement et une signalétique dédiée. Un premier axe majeur, qui nous permet de lancer formellement notre réseau expess poitevin : le réseau Picta REV, REV pour Réseau Express Vélo - merci aux associations cyclistes pour ce choix judicieux ! Vous le reconnaîtrez à travers son pictogramme dédié, qui commence tout juste à se déployer ces jours-ci sur les voies du Pont Neuf, et qui s’accroîtra à mesure des réalisations dans les années à venir.

Cet aménagement vise avant tout l’efficacité. Le Pont Neuf concentre un potentiel majeur : plus de 1000 cyclistes l’empruntaient par jour lors de l’expérimentation, et un boom a été constaté entre 2022 et 2023, alors même que la piste cyclable n’était pas encore aménagée. Notre objectif ultime, c’est bien le report modal, c’est-à-dire le passage de la voiture individuelle au vélo, ou tout autre solution de mobilité durable. Combien d’étudiants engorgeaient jusqu’à présent cet axe chaque jour, en voiture individuelle ? Avec cette piste cyclable sécurisée +mais aussi avec la nouvelle offre Cap sur le vélo – Campus de Grand Poitiers, qui à chaque étudiant inscrit à l’Université propose un vélo gratuit +mais aussi avec le réseau Vitalis renforcé depuis trois ans sur cet axe : il n’y aura plus d’avantage à utiliser la voiture individuelle. Notre objectif : 25% de report modal sur le public universitaire ; une évaluation rigoureuse devra nous permettre de confirmer l’impact de cet aménagement.

Pour le stationnement, c’est pareil : l’espace public ne doit plus être aménagé avant tout à partir de la place des voitures. Chaque chose à sa place. La place dédiée au stationnement doit être la plus juste possible par rapport aux usages : c’est pourquoi nous avons augmenté le nombre de places minutes sur l’axe, pour favoriser la vie commerciale. Et sur les trottoirs, ce sont bien plus les piétons, les devantures de commerces et les terrasses que nous souhaitons voir, que les voitures. La place des voitures, c’est avant tout dans les parkings, privés ou publics : comme nous nous y étions engagés, à terme, nous compenserons en partie les places perdues en voirie par de nouvelles poches de stationnement, à commencer par un nouveau parking à côté du Confort Moderne, le plus tôt possible.

C’est donc un projet aux facettes multiples, qui amorce les transformations structurelles de notre ville.

Un projet qui était inscrit dans notre programme de mandature, qui reflète aussi la manière dont nous conduisons les projets, depuis 2020. Amorcé en 2021, par des réunions publiques et des balades urbaines, sa phase concrète a été lancée avec l’expérimentation de la mise en sens unique, dans un sens, puis dans l’autre. L’évaluation de cette expérimentation nous a conduit à arbitrer sur un troisième scénario, plus ambitieux. Chaque étape du projet a été jalonnée par des réunions publiques, 6 au total, et plusieurs dizaines d’ateliers et de rencontres des acteurs du quartier. Finalement, comité de quartier et association de commerçants ont été associés au comité de pilotage du projet, qui s’est réuni 7 fois depuis mai 2023. Expérimentation, évaluation, réunions publiques d’information ou de consultation, co-décision dans le cadre d’un comité de pilotage ouvert, et surtout, une posture d’écoute tout au long du projet : ce sont autant de manières de faire vivre la participation citoyenne, l’un des piliers, vous le savez, de nos politiques publiques.

Ce chantier d’un an se solde par une franche réussite, sans aucun retard grâce à l’engagement et au professionnalisme de toutes les parties prenantes. Un suivi constant des travaux, par une présence quotidienne de terrain et des réunions de projet efficaces, nous ont permis d’adapter le chantier aux contraintes du quotidien quand il le fallait. Certains défis sont restés des défis, je pense à la question des déchets par exemple, mais je remercie tout le monde pour sa patience, et son engagement à faire au mieux pour la qualité de vie pendant les travaux. Comme je l’ai évoqué tout à l’heure, les travaux se poursuivent d’ailleurs jusqu’au CHU et jusqu’à l’Université, avec la même efficacité. Pourquoi inaugurer maintenant ? Eh bien, symboliquement, nous tenions à ce que cette inauguration se tienne sur le Pont-Neuf qui sera réouvert lundi.

Je suis fière de l’aboutissement de ce projet aujourd’hui, et nous pouvons collectivement être reconnaissants à tous les acteurs impliqués dans ce projet. Ils et elles sont nombreux, permettez-moi de prendre le temps de les remercier.

D’abord, je tiens à remercier les services de Poitiers et de Grand Poitiers, en particulier Charlotte Sauvion, cheffe de la mission Conception paysages et surtout cheffe de projet, Jérôme Freisseix, DGA Transition Ecologique, Laurent Fonteneau, Directeur des mobilités, Sylvain Rioland chef de la mission vélo et ses équipes ; Jean-Louis Aimard et ses équipes Sébastien Thomas, Fabien Michardière, Jean-Michel Petureau pour le pôle ouvrage d’art ; Abdelmouneim El Jazmi responsable du pôle conception et réalisation, Philippe Auzannet responsable du pôle signalisation ; mais aussi Christophe Chapron directeur Eau et assainissement de Grand Poitiers, ou encore les équipes de la direction Déchets. Ce projet était un pari technique, un grand projet urbain comme on en vit peu dans une carrière, merci pour votre efficacité et votre disponibilité, et un grand bravo à vous : cette étape est un pari réussi. Je n’oublie pas les autres services fortement impliqués : la mission participation citoyenne, Emmanuelle Redien et ses équipes ; le service Economie de proximité, en particulier Morgane Derbez et ses collègues ; Alexandra Abbassi et la police municipale, M. Visse et ses équipes ; la Direction communication, en particulier Camille Prenant et Alban Champion ; et enfin la mission événements, en particulier Valérie Bourrée, qui a organisé la fête d’aujourd’hui.

Pour réussir ce chantier, un travail très important de conception et de coordination a été nécessaire. Je remercie les entreprises qui nous ont accompagné pour la maîtrise d’œuvre : les équipes de DCI Environnement sur l’aménagement global, en particulier Messieurs Chenebault et Gierczynski ; Charles Maguin de Solcy bureau d’étude spécialisé sur les mobilités ; Paul Vanhove de Ceryx pour les études de circulation et des carrefours à feux ; et enfin Christian Dessault pour ACT 86 qui est celui à qui nous devons d’avoir relevé avec brio le défi d’un calendrier aussi contraint.

Concernant le chantier en lui même, je tiens à remercier les équipes de l’entreprise Eurovia, qui ont réaménagé de part et d’autre ce pont et ces rues, en particulier Julien Jozeau Chef de chantier particulièrement efficace : bravo à vous. Je salue l’entreprise Bonnet spécialisée dans la construction d’ouvrage d’art pour la réhabilitation du Pont Neuf ; je remercie les concessionnaires de réseaux, la partie la moins visible mais pas la moins importante du projet : GRDF, Orange, SFR, Free, Covage et enfin l’entreprise ERT.

Je pourrais citer bien d’autres intervenants, Signalisation 86, ACI pour la coordination sécurité du chantier, j’en oublie sûrement. Et je n’oublie pas en revanche de remercier les équipes de Vitalis, en particulier son Directeur M. Faivre, pour l’organisation des déviations et la mise en place de la navette.

Enfin, vous le connaissez, il a arpenté le Faubourg depuis plus d’un an pour faire le lien entre riverains, chantier et collectivité : je remercie chaleureusement M. Thibaudeau de l’entreprise R-Access pour son indispensable présence quotidienne sur le chantier, qui a permis de prévenir et si besoin de résoudre tant de petits et grands problèmes.

Un projet en équipe d’un point de vue technique, mais aussi le projet d’un collectif politique : je salue l’engagement plein et entier des collègues élus pour ce projet, et leur grande disponibilité, en particulier Stéphane Allouch, Ombelyne Dagicour, Frankie Angebault, Julie Reynard, Jean-Louis Fourcaud, Amir Mistrih, Aloïs Gaborit, et bien d’autres.

Enfin, je remercie pour leur contribution décisive à ce chantier d’ampleur Grand Poitiers, qui finance majoritairement le projet au titre de ses compétences mobilité, eau et voirie ; et l’Etat, qui y a contribué pour plus de 400 000 euros.

Et puis, pour finir, je tiens à remercier les acteurs du quartier. Vous, les commerçants, les associations, et en particulier le Comité de quartier, les habitantes et habitants, je vous remercie pour votre patience et pour vos nombreux retours qui ont contribué au bon déroulement du chantier. Nous avons vécu ensemble trois années animées, et même si nous entamons aujourd’hui une nouvelle ère, nous resterons à votre écoute pour vous accompagner autant que nécessaire.

Vous le voyez, ce chantier est bien une réussite collective : merci, et bravo, à chacun et chacune d’entre vous.

***

La réussite réelle d’un projet d’aménagement, au-delà du succès d’un chantier, se mesure sur le long cours. Mais l’on peut déjà observer combien tous les aménagements environnants, qui contribuent à améliorer notre qualité de vie dans l’espace public et l’environnement du Pont Neuf, je pense en particulier à l’ouverture du parc de l’Hypogée hier, ou de l’aménagement de la rue de la Croix Rouge ou la rue Cornet que nous inaugurerons début octobre, suscitent l’enthousiasme parmi les poitevins. Et l’on peut d’ores et déjà constater, combien, avant même la réouverture de la route, les piétons, les cyclistes, les trottinettes, même si de manière parfois un peu trop désordonnée, se sont réapproprié ces espaces renouvelés.

Nous sommes bien dans un élan de transformation du quartier, et de notre ville : une ville agréable à vivre, une ville conviviale, une ville pleinement engagée pour une écologie heureuse, et prête à s’adapter aux évolutions de notre environnement.

Alors, célébrons ce jour de fête ! Fêtons notre pont retrouvé, fêtons nos rues partagées, fêtons notre ville où chaque citoyenne, chaque citoyen a sa place. Et dansons sur le Pont Neuf !

Je vous remercie une nouvelle fois pour votre présence et vous souhaite une excellente soirée !

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